Épître 53 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1738 |
French |
Quoi ! Celle qui n’a dû connaître
que les grâces, ses tendres soeurs,
de qui les mains cueillent des fleurs,
et de qui les pas les font naître,
en philosophe ose paraître
dans les profondeurs des détours
où l’on voit les épines croître ;
et la maîtresse... |
Épître 54 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1738 |
French |
Vous ordonnez que je vous dise
tout ce qu’à Cirey nous faisons :
ne le voyez-vous pas sans qu’on vous en instruise ?
Vous êtes notre maître, et nous vous imitons :
nous retenons de vous les plus belles leçons
de la sagesse d’épicure ;
comme vous, nous... |
Épître 55 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1738 |
French |
Un peu philosophe et bergère,
dans le sein d’un riant séjour,
loin des riens brillants de la cour,
des intrigues du ministère,
des inconstances de l’amour,
des absurdités du vulgaire
toujours sot et toujours trompé,
et de la troupe mercenaire
par... |
Épître 56 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1738 |
French |
Apprenti fermier général,
très-savant maître en l’art de plaire,
chez Plutus, ce gros dieu brutal,
vous portâtes mine étrangère ;
mais chez les amours et leur mère,
chez Minerve, chez Apollon,
lorsque vous vîntes à paraître,
on vous prit d’abord pour le... |
Épître 57 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1740 |
French |
Quoi ! Vous êtes monarque, et vous m’aimez encore !
Quoi ! Le premier moment de cette heureuse aurore
qui promet à la terre un jour si lumineux,
marqué par vos bontés, met le comble à mes voeux !
ô coeur toujours sensible ! âme toujours égale !
Vos mains du trône à... |
Épître 58 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1740 |
French |
Toi qui, mêlant toujours l’agréable à l’utile,
des plaisirs aux travaux passes d’un vol agile,
que j’aime à voir ton goût, par des soins bienfaisants,
encourager les arts à ta voix renaissants !
Sans accorder jamais d’injuste préférence,
entre tous ces rivaux tiens... |
Épître 59 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1741 |
French |
non, il n’est point ingrat ; c’est moi qui suis injuste ;
il fait des vers, il m’aime ; et ce héros auguste,
en inspirant l’amour, en répandant l’effroi,
caresse encor sa muse, et badine avec moi.
Du bouclier de Mars il s’est fait un pupitre ;
de sa main triomphante... |
Épître 6 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1715 |
French |
Tu sortais des bras du sommeil,
et déjà l’oeil du jour voyait briller tes charmes,
lorsque le tendre amour parut à ton réveil ;
il te baisait les mains, qu’il baignait de ses larmes.
« ingrate, te dit-il, ne te souvient-il plus
des bienfaits que sur toi l’amour a... |
Épître 60 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1741 |
French |
Eh bien ! Mauvais plaisants, critiques obstinés,
prétendus beaux esprits, à médire acharnés,
qui, parlant sans penser, fiers avec ignorance,
mettez légèrement les rois dans la balance ;
qui d’un ton décisif, aussi hardi que faux,
assurez qu’un savant ne peut être un... |
Épître 61 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1742 |
French |
les vers et les galants écrits
ne sont pas de cette province,
et dans les lieux où tout est prince
il est très-peu de beaux esprits.
Jean Rousseau, banni de Paris,
vit émousser dans ce pays
le tranchant aigu de sa pince ;
et sa muse, qui toujours grince... |
Épître 62 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1742 |
French |
Vous flattez trop ma vanité :
cet art si séduisant vous était inutile ;
l’art des vers suffisait ; et votre aimable style
m’a lui seul assez enchanté.
Votre âge quelquefois hasarde ses prémices.
En esprit, ainsi qu’en amour,
le temps ouvre les yeux, et l’on... |
Épître 63 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1714 |
French |
...
Lorsque, pour tenir la balance,
l’anglais vide son coffre-fort ;
lorsque l’espagnol sans puissance
croit partout être le plus fort ;
quand le français vif et volage
fait au plus vite un empereur ;
quand Belle-Isle n’est pas sans peur
pour l’... |
Épître 64 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1744 |
French |
Ceux qui sont nés sous un monarque
font tous semblant de l’adorer ;
sa majesté, qui le remarque,
fait semblant de les honorer ;
et de cette fausse monnoie
que le courtisan donne au roi,
et que le prince lui renvoie,
chacun vit, ne songeant qu’à soi.... |
Épître 65 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1744 |
French |
ô déesse de la santé,
fille de la sobriété,
et mère des plaisirs du sage,
qui sur le matin de notre âge
fais briller ta vive clarté,
et répands la sérénité
sur le soir d’un jour plein d’orage,
ô déesse, exauce mes voeux !
Que ton étoile favorable... |
Épître 66 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1744 |
French |
du héros de la Germanie
et du plus bel esprit des rois
je n’ai reçu, depuis trois mois,
ni beaux vers, ni prose polie ;
ma muse en est en léthargie.
Je me réveille aux fiers accents
de l’Allemagne ranimée,
aux fanfares de votre armée,
à vos... |
Épître 67 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1744 |
French |
Vous dont l’Europe entière aime ou craint la justice,
brave et doux à la fois, prudent sans artifice,
roi nécessaire au monde, où portez-vous vos pas ?
De la fièvre échappé, vous courez aux combats !
Vous volez à Fribourg ! En vain La Peyronie
vous disait : «... |
Épître 68 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1714 |
French |
Ah ! Mon prince, c’est grand dommage
que vous n’ayez point votre image,
un fils par la gloire animé,
un fils par vous accoutumé
à rogner ce grand héritage
que l’Autriche s’était formé.
Il est doux de se reconnaître
dans sa noble postérité ;
un... |
Épître 69 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1714 |
French |
J’ai donc vu ce Potsdam, et je ne vous vois pas ;
on dit qu’ainsi que moi vous prenez médecine.
Que de conformités m’attachent sur vos pas !
Le dieu de la double colline,
l’amour de tous les arts, la haine des dévots ;
raisonner quelquefois sur l’essence divine ;... |
Épître 7 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1714 |
French |
D’Aremberg, où vas-tu ? Penses-tu m’échapper ?
Quoi ! Tandis qu’à Paris on t’attend pour souper,
tu pars, et je te vois, loin de ce doux rivage,
voler en un clin d’oeil aux lieux de ton bailliage !
C’est ainsi que les dieux qu’Homère a tant prônés
fendaient les... |
Épître 70 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1745 |
French |
Lorsque deux rois s’entendent bien,
que chacun d’eux défend son bien,
et du bien d’autrui fait ripaille ;
quand un des deux, roi très-chrétien,
l’autre, qui l’est vaille que vaille,
prennent des murs, gagnent bataille,
et font sur le bord stygien
voler... |