Épître 35 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1732 |
French |
Le curé qui vous baptisa
du beau surnom de muse et grâce ,
sur vous un peu prophétisa ;
il prévit que sur votre trace
croîtrait le laurier du Parnasse
dont La Suze se couronna,
et le myrte qu’elle porta,
quand, d’amour suivant la déesse,
ses... |
Épître 36 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1732 |
French |
Tu commences par me louer,
tu veux finir par me connaître :
tu me loueras bien moins. Mais il faut t’avouer
ce que je suis, ce que je voudrais être.
J’aurai vu dans trois ans passer quarante hivers.
Apollon présidait au jour qui m’a vu naître.
Au sortir du... |
Épître 37 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1732 |
French |
ô très-singulière Martel,
j’ai pour vous estime profonde :
c’est dans votre petit hôtel,
c’est sur vos soupers que je fonde
mon plaisir, le seul bien réel
qu’un honnête homme ait en ce monde.
Il est vrai qu’un peu je vous gronde ;
mais, malgré cette... |
Épître 38 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1732 |
French |
Jeune Gaussin, reçois mon tendre hommage,
reçois mes vers au théâtre applaudis ;
protége-les : Zaïre est ton ouvrage ;
il est à toi, puisque tu l’embellis.
Ce sont tes yeux, ces yeux si pleins de charmes,
ta voix touchante, et tes sons enchanteurs,
qui du... |
Épître 39 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1714 |
French |
Ainsi donc cent beautés nouvelles
vont fixer vos bouillants esprits ;
vous renoncez aux étincelles,
aux feux follets de mes écrits,
pour des lumières immortelles ;
et le sublime Maupertuis
vient éclipser mes bagatelles.
Je n’en suis fâché, ni surpris ;... |
Épître 4 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1714 |
French |
Montbrun, par l’amour adoptée,
digne du coeur d’un demi-dieu,
et, pour dire encor plus, digne d’être chantée
ou par Ferrand, ou par Chaulieu ;
Minerve et l’enfant de Cythère
vous ornent à l’envi d’un charme séducteur ;
je vois briller en vous l’esprit de votre... |
Épître 40 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1732 |
French |
Que toujours de ses douces lois
le dieu des vers vous endoctrine ;
qu’à vos chants il joigne sa voix,
tandis que de sa main divine
il accordera sous vos doigts
la lyre agréable et badine
dont vous vous servez quelquefois !
Que l’amour, encor plus facile... |
Épître 41 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1733 |
French |
écoutez-moi, respectable émilie :
vous êtes belle ; ainsi donc la moitié
du genre humain sera votre ennemie :
vous possédez un sublime génie ;
on vous craindra : votre tendre amitié
est confiante, et vous serez trahie.
Votre vertu, dans sa démarche unie,... |
Épître 42 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1734 |
French |
Un prêtre, un oui , trois mots latins,
à jamais fixent vos destins ;
et le célébrant d’un village,
dans la chapelle de Montjeu,
très-chrétiennement vous engage
à coucher avec Richelieu,
avec Richelieu, ce volage,
qui va jurer par ce saint noeud
d’... |
Épître 43 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1734 |
French |
Du camp de Philisbourg,
c’est ici que l’on dort sans lit,
et qu’on prend ses repas par terre ;
je vois et j’entends l’atmosphère
qui s’embrase et qui retentit
de cent décharges de tonnerre ;
et dans ces horreurs de la guerre
le français chante, boit, et... |
Épître 44 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1734 |
French |
Hélas ! Que je me sens confondre
par tes vers et par tes talents !
Pourrais-je encore à quarante ans
les mériter, et leur répondre ?
Le temps, la triste adversité
détend les cordes de ma lyre.
Les jeux, les amours, m’ont quitté ;
c’est à toi qu’ils... |
Épître 45 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1734 |
French |
Je vous adore, ô ma chère Uranie !
Pourquoi si tard m’avez-vous enflammé ?
Qu’ai-je donc fait des beaux jours de ma vie
ils sont perdus ; je n’avais point aimé.
J’avais cherché dans l’erreur du bel âge
ce dieu d’amour, ce dieu de mes désirs ;
je n’en trouvai... |
Épître 46 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1734 |
French |
Qu’un autre vous enseigne, ô ma chère Uranie,
à mesurer la terre, à lire dans les cieux,
et soumettre à votre génie
ce que l’amour soumet au pouvoir de vos yeux.
Pour moi, sans disputer ni du plein ni du vide,
ce que j’aime est mon univers ;
mon système est... |
Épître 47 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1734 |
French |
Je voulais, de mon coeur éternisant l’hommage,
emprunter la langue des dieux,
et vous parler votre langage :
je voulais dans mes vers peindre la vive image
de ce feu, de cette âme, et de ces dons des cieux,
qu’on sent dans vos discours et qu’on voit dans vos yeux.... |
Épître 48 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1735 |
French |
Lorsque ce grand courrier de la philosophie,
Condamine l’observateur,
de l’Afrique au Pérou conduit par Uranie,
par la gloire, et par la manie,
s’en va griller sous l’équateur,
Maupertuis et Clairaut, dans leur docte fureur,
vont geler au pôle du monde. ... |
Épître 49 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1736 |
French |
Mon esprit avec embarras
poursuit des vérités arides ;
j’ai quitté les brillants appas
des muses, mes dieux et mes guides,
pour l’astrolabe et le compas
des Maupertuis et des Euclides.
Du vrai le pénible fatras
détend les cordes de ma lyre ;
Vénus... |
Épître 5 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1715 |
French |
Toi qui fus des plaisirs le délicat arbitre,
tu languis, cher abbé ; je vois, malgré tes soins,
que ton triple menton, l’honneur de ton chapitre,
aura bientôt deux étages de moins.
Esclave malheureux du chagrin qui te dompte,
tu fuis un repas qui t’attend !
Tu... |
Épître 50 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1714 |
French |
Charmante Iris, qui, sans chercher à plaire,
savez si bien le secret de charmer ;
vous dont le coeur, généreux et sincère,
pour son repos sut trop bien l’art d’aimer ;
vous dont l’esprit, formé par la lecture,
ne parle pas toujours mode et coiffure ;
souffrez... |
Épître 51 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1736 |
French |
Tu m’appelles à toi, vaste et puissant génie,
Minerve de la France, immortelle émilie ;
je m’éveille à ta voix, je marche à ta clarté,
sur les pas des vertus et de la vérité.
Je quitte Melpomène et les jeux du théâtre,
ces combats, ces lauriers, dont je fus idolâtre... |
Épître 52 |
Voltaire - François-Marie Arouet |
1736 |
French |
Prince, il est peu de rois que les muses instruisent ;
peu savent éclairer les peuples qu’ils conduisent.
Le sang des Antonins sur la terre est tari ;
car, depuis ce héros de Rome si chéri,
ce philosophe roi, ce divin Marc-Aurèle,
des princes, des guerriers, des... |