Charmante Iris, qui, sans chercher à plaire,
savez si bien le secret de charmer ;
vous dont le coeur, généreux et sincère,
pour son repos sut trop bien l’art d’aimer ;
vous dont l’esprit, formé par la lecture,
ne parle pas toujours mode et coiffure ;
souffrez, Iris, que ma muse aujourd’hui
cherche à tromper un moment votre ennui.
Auprès de vous on voit toujours les grâces :
pourquoi bannir les plaisirs et les jeux ?
L’amour les veut rassembler sur vos traces :
pourquoi chercher à vous éloigner d’eux ?
Du noir chagrin volontaire victime,
vous seule, Iris, faites votre tourment,
et votre coeur croirait commettre un crime
s’il se prêtait à la joie un moment.
De vos malheurs je sais toute l’histoire ;
l’amour, l’hymen, ont trahi vos désirs :
oubliez-les ; ce n’est que des plaisirs
dont nous devons conserver la mémoire.
Les maux passés ne sont plus de vrais maux ;
le présent seul est de notre apanage,
et l’avenir peut consoler le sage,
mais ne saurait altérer son repos.
Du cher objet que votre coeur adore
ne craignez rien ; comptez sur vos attraits :
il vous aima ; son coeur vous aime encore,
et son amour ne finira jamais.
Pour son bonheur bien moins que pour le vôtre,
de la fortune il brigue les faveurs ;
elle vous doit, après tant de rigueurs,
pour son honneur rendre heureux l’un et l’autre.
D’un tendre ami, qui jamais ne rendit
à la fortune un criminel hommage,
ce sont les voeux. Goûtez, sur son présage,
dès ce moment le sort qu’il vous prédit.
Épître 50
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