Théodore de Banville

  • Enfant encore, à l'âge où sur nos fronts éclate
    La beauté radieuse, un jour dans la forêt
    Je vis un Dieu vêtu d'une robe écarlate.

    Secouant ses cheveux que le soleil dorait,
    Il me cria : Veux-tu m'adorer, vil esclave ?
    Et je sentis déjà que mon cœur l'adorait....

  • J'eus cette vision. Les siècles sans repos
    Avaient passé dans l'ombre, ainsi que des troupeaux
    Que le berger pensif ramène à leurs étables
    À l'heure où, pour calmer nos maux inévitables,
    Descend sur nous l'obscur silence de la nuit.
    Dans le brillant palais du roi...

  •  
    Nue, et ses beaux cheveux laissant en vagues blondes
    Courir à ses talons des nappes vagabondes,
    Elle dormait, sereine. Aux plis du matelas
    Un sommeil embaumé fermait ses grands yeux las,
    Et ses bras vigoureux, pliés comme des ailes,
    Reposaient mollement sur...

  • C’est dans un bois sinistre et formidable, au nord
    De la Gaule. Roidis par un suprême effort,
    Les chênes monstrueux supportent avec rage
    Les grands nuages noirs d’où va tomber l’orage ;
    Le matin frissonnant s’éveille, et la...

  •  
    Il est un triste lac à l'eau tranquille et noire
    Dont jamais le soleil ne vient broder la moire,
    Et dont tous les oiseaux évitent les abords.
    Un chêne vigoureux a grandi sur ses bords,
    Et, courbé par le Temps jusqu'aux ondes, étale
    Sur la cime des flots sa...

  • Près du flot glorieux qui baise Mitylène,
    Marchent, vierges en fleur, de jeunes poétesses
    Qui du soir azuré boivent la fraîche haleine
    Et passent dans la nuit comme un vol de Déesses.

    Elles vont, emportant la brise dans leurs voiles,
    Vers le parfum sauvage et les...

  •  

    Nature, où sont tes Dieux ? Ô prophétique aïeule,
    Ô chair mystérieuse où tout est contenu,
    Qui pendant si longtemps as vécu de toi seule
    Et qui sembles mourir, parle, qu’est devenu
    Cet âge de vertu que chaque jour efface,
    Où le sourire humain rayonnait sur...

  • Ils se disent, ma colombe,
    Que tu rêves, morte encore,
    Sous la pierre d'une tombe :
    Mais pour l'âme qui t'adore,
    Tu t'éveilles ranimée,
    Ô pensive bien-aimée !

    Par les blanches nuits d'étoiles,
    Dans la brise qui murmure,
    Je caresse tes longs voiles...

  •  
     Oui, lève encor ton sourcil noir !
     Oui, puisque tu le veux, j'oublie
     Ce vin amer du désespoir,
     Ce vin noir dont j'ai bu la lie,
     Et tranquillement je m'enivre
     Du bonheur de te sentir vivre.

     Mon cœur brûlé d'un long souci,
     Tu le veux, s'...

  •  

    Vous avez tant d’Iris, de Philis, d’Amarantes…
    Molière, Les Femmes savantes, acte V, scène I.

     
    Entre les plis de votre robe close
    On entrevoit le contour d’un sein rose,
    Des bras hardis, un beau corps potelé,
    Suave, et...