Stéphane Mallarmé

  • Ta pâle chevelure ondoie
    Parmi les parfums de ta peau
    Comme folâtre un blanc drapeau
    Dont la soie au soleil blondoie.

    Las de battre dans les sanglots
    L’air d’un tambour que l’eau défonce,
    Mon cœur à son passé renonce
    Et, déroulant ta tresse en flots,...

  • Hors de la poix rien à faire,
    Le lis naît blanc, comme odeur
    Simplement je le préfère
    A ce bon raccommodeur.

    Il va de cuir à ma paire
    Adjoindre plus que je n’eus...

  • Ces cailloux, tu les nivelles
    Et c’est, comme troubadour,
    Un cube aussi de cervelles
    Qu’il me faut ouvrir par jour.

  • Le soleil que sa halte
    Surnaturelle exalte
    Aussitôt redescend
    Incandescent

    Je sens comme aux vertèbres
    S’éployer des ténèbres
    Toutes dans un frisson
    ...

  • La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
    Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
    D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
    Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux,
    Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe,
    Ô Nuits !...

  • La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
    Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
    D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
    Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
    Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
    Ô nuits ! ni...

  • Pas les rafales à propos
    De rien comme occuper la rue
    Sujette au noir vol de chapeaux ;
    Mais une danseuse apparue

    Tourbillon de mousseline ou
    Fureur éparses en écumes
    Que soulève par son genou
    Celle même dont nous vécûmes

    Pour tout, hormis lui,...

  • De l’éternel Azur la sereine ironie
    Accable, belle indolemment comme les fleurs
    Le poëte impuissant qui maudit son génie
    À travers un désert stérile de douleurs.

    Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde
    Avec l’intensité d’un remords atterrant,
    Mon âme...

  • De l’éternel Azur la sereine ironie
    Accable, belle indolemment comme les fleurs,
    Le poëte impuissant qui maudit son génie
    À travers un désert stérile de Douleurs.

    Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde
    Avec l’intensité d’un remords atterrant,
    Mon âme...

  • Ô rêveuse, pour que je plonge
    Au pur délice sans chemin,
    Sache, par un subtil mensonge,
    Garder mon aile dans ta main.

    Une fraîcheur de crépuscule
    Te vient à chaque battement
    Dont le coup prisonnier recule
    L’horizon délicatement.

    Vertige ! voici...