Auguste Lacaussade

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    Puisque en tes jours bénis de gloire et de puissance,
    Du pauvre jusqu’à toi franchissant la distance,
    Tu l’aidas de sa croix à porter le fardeau ;
    Et que, sourd aux instincts d’une opulence avare,
    Toi, prince, tu couvris les membres de Lazare
           Des plis...

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    LA MÈRE

    Pourquoi jeter ta voix si paisible et si douce
    A travers ces rumeurs d'un siècle aux fortes voix ?
    Ami, crois-moi, résiste au démon qui te pousse ;
    Laisse tes faibles chants, comme l'eau sur la mousse
    Laisse tes chants couler à l'ombre de nos bois...

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    La vipère du mal a mordu ta pensée,
    Poète, et dans ton sein la colombe blessée
    Palpite. Apaise-toi ; ferme ton noble cœur
    Aux stériles conseils d’une aveugle douleur.
    Souffre ; laisse venir les heures vengeresses.
    Mais pour le Mal alors plus de pitiés...

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    Marie, ô douce enfant aux grands yeux de gazelle,
    Qui naquis sur un sol où croissent les palmiers ;
    Toi dont l’âme charmante et les songes premiers
    Se sont ouverts, bercés à la voix fraternelle
             Des bengalis et des ramiers !

    O douce enfant ! ta vie...

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    Loin d’ici veux-tu fuir ? pauvre couple enchaîné,
    Veux-tu nous envoler vers l’île où je suis né ?
    Je suis las de contrainte et de ruse et d’entrave.
    Le ciel ne m’a point fait avec un cœur d’esclave !
    Me cacher pour te voir, pour t’aimer, ô tourment !
    Je veux...

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    Une voix a passé dans ma nuit d’insomnie...
    Des brumeuses forêts de la Calédonie
    Pour me rejoindre elle a traversé l’Océan,
    Et la Ligne torride et le Cap atlantique :
    Cette voix, c’est la tienne, ô barde au cœur antique,
             Fils de Byron et d’Ossian....

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    I

    Tu dors sous la terre étrangère,
    Frappé par l’obus ennemi,
    De mon enfance toi le frère,
    De ma jeunesse toi l’ami !

    Soldat au cœur stoïque et brave,
    Voyant nos foyers envahis,
    Quand vint ton heure, calme et grave,
    Tu sus mourir pour ton...

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    Avril emplissait l’air de souffles caressants,
    Aux rameaux noirs tremblaient les bourgeons rougissants,
    Dans les hauts marronniers quelques feuilles frileuses
    Sortaient timidement de leurs gaines soyeuses.
    Comme une jeune mère aux charmantes pudeurs,
    La...

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    Un soir, je lui disais, assis à ses cotés,
    Et sur ses beaux yeux noirs mes deux yeux arrêtés :
    « Être charmant et doux, calme enfant de la terre,
    Vous avez les fraîcheurs de la fleur solitaire
    Qui croît au bord de l’onde ou dans l’herbe des champs ;
    Votre...

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    Combien de fois, ô Lune, en ces paisibles heures
    Où l’ombre de la nuit s’épand sur nos demeures,
    Quand ton globe d’argent montait à l’horizon,
    J’ai promené mon rêve à travers le gazon
    Où tes rayons lactés glissaient avec mollesse !
    Des saules éplorés...