Fleuve heureux du Léthé, j’allais passer ton onde,
dont j’ai vu si souvent les bords :
lassé de ma souffrance, et du jour, et du monde,
je descendais en paix dans l’empire des morts,
lorsque Tibulle et Délie
avec l’hymen et l’amour
ont embelli mon séjour,...
Voltaire - François-Marie Arouet
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Mon dieu ! Que vos rimes en ine
m’ont fait passer de doux moments !
Je reconnais les agréments
et la légèreté badine
de tous ces contes amusants
qui faisaient les doux passe-temps
de ma nièce et de ma voisine.
Je suis sorcier, car je devine
ce que... -
Quel triomphe accablant, quelle indigne victoire
cherchez-vous tristement à remporter sur vous ?
Votre esprit éclairé pourra-t-il jamais croire
d’un double testament la chimérique histoire,
et les songes sacrés de ces mystiques fous,
qui, dévots fainéants et pieux... -
J’étais nonchalamment tapi
dans le creux de cette statue
contre laquelle a tant glapi
des méchants l’énorme cohue ;
je voulais d’un écrit galant
cajoler la belle héroïne
qui me fit un si beau présent
du haut de la double colline.
Mais on m’apprend... -
Philosophe indulgent, ministre citoyen,
qui ne cherchas le vrai que pour faire le bien ;
qui d’un peuple léger, et trop ingrat peut-être,
préparais le bonheur et celui de son maître,
ce qu’on nomme disgrâce a payé tes bienfaits.
Le vrai prix du travail n’est que de... -
Le bon vieillard très-inutile
que vous nommez Anacréon,
mais qui n’eut jamais de bathyle,
et qui ne fit point de chanson,
loin de Marseille et d’Hélicon
achève sa pénible vie
auprès d’un poêle et d’un glaçon,
sur les montagnes d’Helvétie.
Il ne... -
Mon très-aimable successeur,
de la France historiographe,
votre indigne prédécesseur
attend de vous son épitaphe.
Au bout de quatre-vingts hivers,
dans mon obscurité profonde,
enseveli dans mes déserts,
je me tiens déjà mort au monde.
Mais sur le... -
Jeune et digne héritier du grand nom de Gustave,
sauveur d’un peuple libre, et roi d’un peuple brave,
tu viens d’exécuter tout ce qu’on a prévu :
Gustave a triomphé sitôt qu’il a paru.
On t’admire aujourd’hui, cher prince, autant qu’on t’aime.
Tu viens de ressaisir... -
Toujours ami des vers, et du diable poussé,
au rigoureux Boileau j’écrivis l’an passé.
Je ne sais si ma lettre aurait pu lui déplaire ;
mais il me répondit par un plat secrétaire,
dont l’écrit froid et long, déjà mis en oubli,
ne fut jamais connu que de l’abbé Mably... -
De Barmécide épouse généreuse,
toujours aimable, et toujours vertueuse,
quand vous sortez des rêves de Bagdat,
quand vous quittez leur faux et triste éclat,
et que, tranquille aux champs de la Syrie,
vous retrouvez votre belle patrie ;
quand tous les coeurs en...