• Viens, ma gentille cigarette,
    Dissiper un trop long ennui,
    Avec toi, ce que je regrette
    Je veux l'oublier aujourd'hui.
    Tu le sais, souvent je suis triste.
    Quoique l'on voie en mon réduit
    Tout le mobilier d'un artiste :
    Deux chaises, une table, un lit.
     

    Mais il faut à la jeune fille —
    Enfant du grand air, du soleil —
    De l'...

  •  
    À Asinius Sempronins Rufus.

    Salut, Sempronius, mortel inimitable !
    Ô toi qui le premier fis servir sur ta table
    La cigogne au pied rouge et le turbot marin.
    L’artiste, éternisant ta divine effigie,
    Devait tailler pour toi les marbres de Phrygie
    Et graver tes traits sur l’airain.

    Pour te montrer plus grand aux nations béantes,
    ...

  •  
    Chantre mélodieux né sous le plus beau ciel,
    Au nom doux et fleuri comme une lyre antique,
    Léger napolitain, dont la folle musique
    A frotté, tout enfant, les deux lèvres de miel,

    Ô bon Cimarosa ! Nul poëte immortel,
    Nul peintre, comme toi, dans sa verve comique,
    N’égaya des humains la face léthargique
    D’un rayon de gaîté plus franc et naturel...

  • Le cimetière aux violettes
    Embaume tous les alentours.
    Les lézards y font mille tours
    Au parfum de ses cassolettes.

    Que de libellules follettes
    Y sont vaines de leurs atours !
    Le cimetière aux violettes
    Embaume tous les alentours.

    Et, champ de morts, nid de squelettes
    Qui trompe le flair des vautours,
    Il dort au bas des vieilles...

  • Le jour fuit ; de l’airain les lugubres accents
    Rappellent au bercail les troupeaux mugissants ;
    Le laboureur lassé regagne sa chaumière ;
    Du soleil expirant la tremblante lumière
    Délaisse par degrés les monts silencieux ;
    Un calme solennel enveloppe les cieux ;
    Et sur un vieux donjon que le lierre environne,...

  •  
    À mes frères aînés, écoliers éblouis,
    Ce qui suit fut conté par mon oncle Louis,
    Qui me disait à moi, de sa voix la plus tendre :
    — Joue, enfant ! — me jugeant trop petit pour comprendre.
    J'écoutais cependant, et mon oncle disait :

    — Une bataille, bah ! savez-vous ce que c'est ?
    De la fumée. À l'aube on se lève, à la brune
    On se couche ; et je...

  • Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
    Entre les pins palpite, entre les tombes ;
    Midi le juste y compose de feux
    La mer, la mer, toujours recommencée
    Ô récompense après une pensée
    Qu’un long regard sur le calme des dieux !

    Quel pur travail de fins éclairs consume
    Maint diamant d’imperceptible écume,
    Et quelle paix...

  •  
    Ô reine voici donc après la longue route,
    Avant de repartir par ce même chemin,
    Le seul asile ouvert au creux de votre main,
    Et le jardin secret où l’âme s’ouvre toute.

    Voici le lourd pilier et la montante voûte ;
    Et l’oubli pour hier, et l’oubli pour demain ;
    Et l’inutilité de tout calcul humain ;
    Et plus que le péché, la sagesse en déroute...

  •  
    A-t-on vu, dans les nuits de l'été dévorant,
    Se détacher du ciel un météore errant,
    Qui s'éteint au milieu de sa chute enflammée ?
    Tel est notre destin. L'or et la renommée,
    Le trône, les plaisirs, tous ces fantômes vains
    Qu'adorent, à genoux, les vulgaires humains,
    Rien ne peut à nos lois, par un charme suprême,
    Assujettir le souffle émané de...

  • Circé pâle et farouche, à vous, magicienne,
    A vous mon âme, à vous mes chansons, car toujours,
    Ravivant le foyer de ma douleur ancienne,
    Vous creusez sous mes pas un abîme où je cours.

    J’y cours avec bonheur, car sur vos noirs rivages
    Les rosiers idéals se mêlent aux cyprès,
    Préparez sans remords les funestes breuvages,
    Et donnez-moi vos mains...