Pierre Baour-Lormian

  • Roi du monde et du jour, guerrier aux cheveux d'or,
    Quelle main, te couvrant d'une armure enflammée,
    Abandonna l'espace à ton rapide essor,
    Et traça dans l'azur ta route accoutumée ?
    Nul astre à tes côtés ne lève un front rival ;
    Les filles de la nuit à ton éclat...

  • Ainsi qu'une jeune beauté
    Silencieuse et solitaire,
    Des flancs du nuage argenté
    La lune sort avec mystère.
    Fille aimable du ciel, à pas lents et sans bruit,
    Tu glisses dans les airs où brille ta couronne,
    Et ton passage s'environne
    Du cortège pompeux des...

  •  
    Le Mois voluptueux, par nos champs attendu,
    Sur l'aile des zéphyrs du ciel est descendu :
    Il s'avance, il sourit à la nature entière :
    Ses longs cheveux, tressés de fleurs et de lumière,
    Exhalent, dans les airs, les parfums les plus doux,
    La terre, avec...

  •  
    Qu'il est puissant, cet Etre architecte des mondes,
    Qui, peuplant du chaos les ténèbres fécondes,
    Fit éclore le jour, fit bouillonner les mers,
    Alluma le soleil, dessina l'univers ;
    Et de ces astres d'or roulant dans leur carrière,
    Prodigua, sous ses pieds,...

  •  
    Édouard n'était plus : sa volonté suprême
    À la jeune Suffolk léguait le diadême ;
    Mais la sœur d'Edouard, en faveur de ses droits,
    Arme les bataillons de la sombre Tamise :
    Tout fléchit devant elle, et dans Londres soumise
    Ses mains ont ressaisi l'héritage...

  •  
    Comme sur la prairie au matin arrosée
    Étincelle et s'épand une fraîche rosée,
    Qui bientôt en vapeurs remonte vers les cieux ;
    Ainsi ma jeune sœur a brillé sous mes yeux.
    Toi que j'appelle en vain, durant la nuit obscure,
    Emma, toi de mon cœur éternelle...

  •  
    Pourquoi, me révoltant contre la destinée,
    Déplorer nuit et jour, dans ma plainte obstinée,
    Mes parens, mes amis au tombeau descendus,
    Et la perte de ceux que je n'ai point perdus ?
    Oui, de stériles pleurs pourquoi mouiller leur cendre ?
    Dans un monde...

  •  
    L'astre des nuits se lève. A sa pâle lumière
    Tout change, se confond dans la nature entière ;
    Et mon oeil, entouré de prestiges divers,
    Voit dans l'ombre s'étendre un magique univers.
    Ce rocher sourcilleux n'est plus un bloc informe ;
    C'est un monstre, un...

  •  
    Long-temps monarque heureux, père, époux adoré,
    De l'Orient soumis Job reçut les hommages :
    Nul monarque jamais, de sa gloire entouré,
    Ne vit autant de jours se lever sans nuages.
    L'infortune eut son tour : mille fléaux divers
    Au sein de ses états confondent...

  •  
    A-t-on vu, dans les nuits de l'été dévorant,
    Se détacher du ciel un météore errant,
    Qui s'éteint au milieu de sa chute enflammée ?
    Tel est notre destin. L'or et la renommée,
    Le trône, les plaisirs, tous ces fantômes vains
    Qu'adorent, à genoux, les vulgaires...