Renée Vivien

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        Puisque tu sus surprendre enfin mon cœur amer,
        Je te découvrirai mon palais sous la mer !
        Tu verras, comme on voit en des visions rares,
        Les étranges corails, les éponges bizarres !

        Je te découvrirai mes jardins, loin des vents,
        Où...

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        Les murs de ce palais sont d’ébène et d’ivoire
        Et les plafonds gemmés d’astres comme les cieux.
        Les esclaves y vont à pas silencieux
        Avec leurs pas très doux et leur face très noire.

        Et les cyprès aigus s’y dorent au couchant…
        On n’...

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    Nul flot ne bouge, nul rameau ne se balance…
    Le gris se fait plus gris, le noir se fait plus noir,
    Et le chant des oiseaux ne vaut pas le silence…
    Où donc irai-je, avec mon cœur, par ce beau soir ?

    Dans le ciel du couchant triomphal, les nuages
    Roulent,...

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        Je voile avec dédain le trésor qui me reste…
        Mon orgueil de poète est en moi comme un mal
        Tenace, suraigu, dominant, animal…
        Car l’orgueil du poète est terrible et funeste…

        Quand la foule amassait la farine et le mil,
        Mon orgueil m’...

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    Pour lui prouver que je l’aime plus que moi-même,
    Je donnerai mes yeux à la femme que j’aime.

    Je lui dirai d’un ton humble, tendre et joyeux :
    « Ma très chère, voici l’offrande de mes yeux. »

    Je donnerai mes yeux qui virent tant de choses.
    Tant de...

  • L’e soir, désaltérant la soif de la campagne,
    Coule, froidement vert comme un fleuve du Nord,
    Et voici que descend l’odeur de la montagne.

    Consolant la...

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            Elle viendra tantôt, cette femme que j’aime !
            Son voile aux plis flottants a de nobles ampleurs…
            Vous qui savez chanter, chantez un beau poème…
            Et parsemez de fleurs et de fleurs et de fleurs
            Le chemin lumineux de la femme...

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    La nuit est façonnée avec un art subtil
    Ainsi qu’un merveilleux palais de Boabdil.

    La fontaine redit ses rythmes monotones
    Et les ifs argentés sont de blanches colonnes.

    Dans le jardin, roi morne et conquérant lassé.
    Se recueille et s’attarde et veille le...

  • Voici l’heure de brume où flottent les Noyées,
    Comme des nénuphars aux pétales flétris.
    Leurs robes ont l’ampleur des voiles déployées
    Qui ne...

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    Ma douce, nous étions comme deux exilées,
    Et nous portions en nous nos âmes désolées.

    L’air de l’aurore était plus lancinant qu’un mal…
    Nul ne savait parler le langage natal…

    Alors que nous errions parmi les étrangères,
    Les odeurs du matin ne semblaient...