Renée Vivien

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    Or, par un soir pareil, je crus être poète…
    J’avais rêvé, dans le silence trop exquis,
    De soleils possédés et de lauriers conquis…
    Et ma vie est semblable aux lendemains de fête.

    Tout me fait mal, l’été, le rayon d’un fanal
    Rouge sur l’eau nocturne, et le...

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        Le monde inhospitable est pareil à l’auberge
        Où l’on vit mal, où tout est mal, où l’on dort mal…

        Et, pendant que le cri des femmes se prolonge,
        Je cherche le Palais Impossible du Songe.

        Je fais, dans cette auberge, un modeste repas…...

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        Fane-toi, beau jardin dont j’aimais les odeurs,
        Où s’attardaient, plaintifs et las, les vents rôdeurs.
        Que périssent demain tes miels et tes odeurs !

        Et que d’infâmes vers rongent le cœur des roses !
        Que penchent les pavots et les pivoines...

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            I. Sur le Mode majeur

        Toi qui m’as oubliée aujourd’hui, qui fus mienne
        Cependant, viens dans la maison aérienne
        Du songe et du passé.

        Il y demeure un soir doux au regard lassé.
        Les chambres aux plafonds creusés comme les...

  • Parmi les ondoiements et les éclairs douteux,
    Les langoureux lys d’eau lèvent leur front laiteux.

    La rivière d’or roux berce leur somnolence ;
    Ce sont...

  • J’aime la boue humide et triste où se reflète
    Le merveilleux frisson des astres, où le soir
    Revient se contempler ainsi qu’en un miroir
    Qui découvre à...

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    C’est l’heure où le désir implore et persuade…
    Le monde est amoureux comme une sérénade,
    Et l’air nocturne a des langueurs de sérénade.

    Les ouvriers du soir, tes magiques amis,
    Ont tissé d’or léger ta robe de samis
    Et semé d’iris bleus la trame du samis....

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    … il est, au cœur de la vallée, un étang que
    l’on nomme l’Etang mystérieux.

    Je connais un étang qui somnole, blêmi
    Par l’aube blême et par le clair de lune ami.

    Un iris y fleurit, hardi comme une lance,
    Et le songe de l’eau s’y marie au silence.

    ...

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    Viens, les heures d’amour sont furtives et rares…
    Le jardin matinal est plein d’oiseaux bizarres.

    Chère, je te convie à ce royal festin.
    Je ne veux pas jouir seule de ce matin.

    L’aube heurte le ciel comme une porte close.
    Viens boire la rosée au cœur blond...

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    Ma douce, entrons dans le jardin abandonné,
    Dans le jardin sauvage, exquis et funéraire
    Où l’autrefois se plaît à roder, solitaire
    Et farouche, tel un vieux roi découronné.

    Entrons dans le jardin qu’un vent d’automne accable,
    Où le silence est lent comme...