Renée Vivien

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    Les heures ont éteint le feu de mes vertèbres,
    Et leur morne lourdeur a pesé sur mon front…
    Voici que les lointains trop clairs s’attendriront
    Et la nuit m’ouvrira son jardin de ténèbres.

    Solitaire, tandis que le temps coule et fuit,
    Je cueillerai les...

  • Sur les marbres massifs plane la paix de l’air.
    La nature, qui hait la fièvre et le factice,
    Décore les tombeaux, passive protectrice,
    De rosée au...

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            Pour moi ce qu’on désire
            Je l’ai méprisé.
            Sappho

        Pour moi, ni l’amour triomphant, ni la gloire,
        Ni le souffle vain d’hommages superflus.
        Mais la paix d’un coin dans une maison noire...

  • Prolonge la nuit, Déesse qui nous brûles !
    Éloigne de nous l’aube aux sandales d’or.
    Déjà, sur l’étang, les vertes libellules
              Ont pris leur...

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    Les nuages flottants déroulaient leur écharpe
    Dans le ciel pur, de la couleur des fleurs de lin.
    J’étais fervente et jeune et j’avais une harpe.
    Le monde se paraît, suave et féminin.

    Dans la forêt, des gris violets d’amarante
    Réjouissaient mes yeux larges...

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    Vois, tandis que gauchit la bruine sournoise,
    Les nuages pareils à des chauves-souris,
    Et là-bas, gris et bleu sous les cieux bleus et gris,
    Ruisseler le reflet pluvieux de l’ardoise.

    O mon divin Tourment, dans tes yeux bleus et gris
    S’aiguise et se ternit...

  • D’ombres et de démons je peuplai l’univers.
    Avant Eve, je fus la lumière du monde
    Et j’aimai le Serpent tentateur et pervers.
    Je conçus l’Irréel dans...

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    Voici l’heure amoureuse où chante la Sirène…
    Les souvenirs sont des grappes que l’on égrène.

    Le silence est pareil à l’écho d’une voix,
    Et je me tourne, avec les regards d’autrefois,

    Vers celles qu’aujourd’hui mon baiser importune,
    Celle qui fut ma Loreley...

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            Sous un ciel ambigu, l’olivier et l’acanthe
            Mêlent subtilement leurs frissons bleus et verts,
            Et dans l’ombre fleurit, comme un songe pervers,
            L’harmonieux baiser de l’amante à l’amante.

            Les cheveux aux bruns roux d’automne...

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    De la nuit chaotique un cri d’horreur s’exhale.
    Venez, nous errerons tous trois sous la rafale…

    Les gouffres lanceront vers nous leurs noirs appels.
    Nous passerons, ô mes compagnons éternels !

    L’éclair nous épouvante et la nuit nous désole…
    O vieux Lear,...