Vois, tandis que gauchit la bruine sournoise,
Les nuages pareils à des chauves-souris,
Et là-bas, gris et bleu sous les cieux bleus et gris,
Ruisseler le reflet pluvieux de l’ardoise.
O mon divin Tourment, dans tes yeux bleus et gris
S’aiguise et se ternit le reflet de l’ardoise.
Tes longs doigts, où sommeille une étrange turquoise,
Ont pour les lys fanés un geste de mépris.
La clarté du couchant prestigieux pavoise
La mer et les vaisseaux d’ailes de colibris…
Vois là-bas, gris et bleu sous les cieux bleus et gris,
Ruisseler le reflet pluvieux de l’ardoise.
Le flux et le reflux du soir déferlent, gris
Comme la mer, noyant les pierres et l’ardoise.
Sur mon chemin le Doute aux yeux pâles se croise
Avec le Souvenir, près des ifs assombris.
Jamais, nous défendant de la foule narquoise,
Un toit n’abritera nos soupirs incompris…
Vois là-bas, gris et bleu sous les cieux bleus et gris,
Ruisseler le reflet pluvieux de l’ardoise.