Droite et longue comme un cyprès,
Mon ombre suit, à pas de louve,
Mes pas que l'aube désapprouve.
Mon ombre marche à pas de louve,
Droite et longue comme un cyprès.
Elle me suit, comme un reproche,
Dans la lumière du matin.
Je vois en elle mon...
Renée Vivien
-
-
J'erre au fond d'un savant et cruel labyrinthe...
Je n'ai pour mon salut qu'un douloureux orgueil.
Voici que vient la Nuit aux cheveux d'hyacinthe,
Et je m'égare au fond du cruel labyrinthe,
Ô Maîtresse qui fus ma ruine et mon deuil.
Mon amour hypocrite et ma... -
Du fond de mon passé, je retourne vers toi,
Mytilène, à travers les siècles disparates,
T'apportant ma ferveur, ma jeunesse et ma foi,
Et mon amour, ainsi qu'un présent d'aromates,
Mytilène, à travers les siècles disparates,
Du fond de mon passé, je retourne vers toi.... -
Ton rire est clair, ta caresse est profonde,
Tes froids baisers aiment le mal qu'ils font ;
Tes yeux sont bleus comme un lotus sur l'onde,
Et les lys d'eau sont moins purs que ton front.
Ta forme fuit, ta démarche est fluide,
Et tes cheveux sont de légers... -
Il me semble n'avoir plus de sexe ni d'âge,
Tant les chagrins me sont brusquement survenus.
Les Temps se sont tissés... Et me voici pieds nus,
Achevant le terrible et long pèlerinage...
Je sais que l'aube d'or ne sait que décevoir,
Que la jeunesse a tort de suivre... -
C'est en vain aujourd'hui que le songe me leurre.
Me voici face à face inexorablement
Avec l'inévitable et terrible moment :
Affrontant le miroir trop vrai, mon âme pleure.
Tous les remèdes vains exaspèrent mon mal,
Car nul ne me rendra la jeunesse ravie...... -
Ta royale jeunesse a la mélancolie
Du Nord où le brouillard efface les couleurs,
Tu mêles la discorde et le désir aux pleurs,
Grave comme Hamlet, pâle comme Ophélie.
Tu passes, dans l'éclair d'une belle folie,
Comme elle, prodiguant les chansons et les fleurs... -
Voici la nuit : je vais ensevelir mes morts,
Mes songes, mes désirs, mes douleurs, mes remords,
Tout le passé... je vais ensevelir mes morts.
J'ensevelis, parmi les sombres violettes,
Tes yeux, tes mains, ton front et tes lèvres muettes,
Ô toi qui dors parmi les... -
Tu ne seras jamais la fiévreuse captive
Qu'enchaîne, qu'emprisonne le lit,
Tu ne seras jamais la compagne lascive
Dont la chair se consume et dont le front pâlit.
Garde ton blanc parfum qui dédaigne le faste.
Tu ne connaîtras point les lâches abandons,
Les... -
Je t'aime d'être faible et câline en mes bras
Et de chercher le sûr refuge de mes bras
Ainsi qu'un berceau tiède où tu reposeras.
Je t'aime d'être rousse et pareille à l'automne,
Frêle image de la Déesse de l'automne
Que le soleil couchant illumine et couronne....