Études et préludes (1909)/« Sous un ciel ambigu »

 
        Sous un ciel ambigu, l’olivier et l’acanthe
        Mêlent subtilement leurs frissons bleus et verts,
        Et dans l’ombre fleurit, comme un songe pervers,
        L’harmonieux baiser de l’amante à l’amante.

        Les cheveux aux bruns roux d’automne et d’amarante
        Et les pâles cheveux plus blonds que les hivers
        Confondent leurs reflets. Sur les yeux entr’ouverts
        Passe une joie aiguë ainsi qu’une épouvante.

        Le crépuscule rose a baigné l’horizon.
        Les désirs attardés craignent la trahison
        Et le rire sournois de l’aurore importune.

        Les doigts ont effeuillé les lotos du sommeil,
        Et la virginité farouche de la lune
        A préféré la mort au viol du soleil.

Collection: 
1897

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