Renée Vivien

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    Vous pour qui j’écrivis, ô belles jeunes femmes !
    Vous que, seules, j’aimais, relirez-vous mes vers
    Par les futurs matins neigeant sur l’univers,
    Et par les soirs futurs de roses et de flammes ?

    Songerez-vous, parmi le désordre charmant
    De vos cheveux épars...

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        La voile est lente et lourde, attardée en ce port.
        Elle qui sut braver les plus fortes tempêtes,
        Et qui connaît leurs cris et leurs plaintes secrètes,
        Pour elle, le repos est pareil à la mort…

        La voile est lente et lourde, attardée en ce port...

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    Parmi mes lys fanés je songe que c’est toi
    Qui me fis le plus grand chagrin d’amour, Venise !
    Tu m’as trahie autant qu’une femme et conquise
    En me prenant ma force, et mon rêve et ma foi.

    … Je ne cherche plus rien dans Venise : l’ivresse
    Des beaux palais n’...

  • L’air pleure le printemps fervent.
    Les arbres souffrent dans le vent,
    Sans opulence et sans couronne…
    Ah ! les violettes d’automne !

    Tu viens,...

  • Elles sont le souvenir clair
    De Celle qui mourut hier
    Et qui dort entre quatre planches,
    ...

  • Dans le mystique soir d’avril, j’ai triomphé.
    J’ai crié d’une voix de victoire : Elle est morte,
    Et le tombeau sur Elle a refermé sa porte.
    La nuit...

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        I

        Ta robe participe à ton être enchanté,
        O ma très chère !… Elle est un peu de ta beauté.

        La respirer, c’est ton odeur que l’on dérobe.
        Ton cœur intime vit dans les plis de ta robe,

        L’odeur de nos baisers anciens est dans ses plis...

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    Tu viendras, les yeux pleins du soir et de l’hier…
    Et ce sera par un beau couchant sur la mer.

    Frêle comme un berceau posé sur les flots lisses,
    Notre barques sera pleine d’ambre et d’épices.

    Les vents s’inclineront, soumis à mon vouloir.
    Je te dirai : « ...

  • Les mouettes s’en vont vers la mer, vers le Nord,
    Affermissant leur vol pour la lutte et l’effort.
    L’air du large frissonne et souffle dans leurs ailes…

    ...
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        Le jour se glisse tel qu’un mauvais animal
        A travers mes vitraux pour surprendre mon mal !

        Le jour se glisse, ainsi qu’un serpent s’insinue,
        Dans mes regards… Il entre et voit mon âme nue.

        Il voit la vérité de mon trop grand amour,
        ...