•                            VI

    Ce que j'ai fait est bien. J'en suis puni. C'est juste.
    Vous qui, dans l'affreux siège et dans l'épreuve auguste,
    Fûtes vaillante, calme et charmante, bravant
    Cette guerre hideuse et ce noir coup de vent,
    Belle âme que le ciel fit sœur d'une âme haute,
    Femme du penseur fier et doux, dont j'étais l'hôte,...

  • Le son de votre voix, Madame, est bien pareil
    À un rayon de ciel — et qui ne le sait pas,
    D’où vient-il, le rayon? Il nous vient du soleil,
    Source de lumière, que Dieu nous dévoila.

    Mais c’est l’autre source, qu’il nous tient en secret.
    Où est le reservoir des mélodieux rayons —
    C’est un mystère sacré et nul ne le sait,
    Où se trouve la source et le...

  •  
        Oh ! que la vie est longue aux longs jours de l’été,
    Et que le temps y pèse à mon cœur attristé !
    Lorsque midi surtout a versé sa lumière,
    Que ce n’est que chaleur et soleil et poussière ;
    Quand il n’est plus matin et que j’attends le soir,
    Vers trois heures, souvent, j’aime à vous aller voir ;
    Et là vous trouvant seule, ô mère et chaste épouse...

  • Vous étiez gaie, on dit très bien, comme un pinson,
    Vous étiez vive, on dit aussi, comme la poudre ;
    Et votre voix, avec les éclats de la foudre,
    Avait l’accent léger d’une jeune chanson !

    Oui, gaie et vive, ainsi qu’un soldat fier garçon
    Qui va danser au bal, la veille d’en découdre,
    Et… française, pareille au grondement des foudres,
    D’une...

  •  

    Le jour où cet époux, comme un vendangeur ivre,
    Dans son humble maison t'entraîna par la main,
    Je m'assis à la table où Dieu vous menait vivre,
    Et le vin de l'ivresse arrosa notre pain.

    La nature servait cette amoureuse agape ;
    Tout était miel et lait, fleurs, feuillages et fruits,
    Et l'anneau nuptial s'échangeait sur la nappe,
    Premier...

  •  
    Comme Dieu dans le sein des mers mystérieuses
    A dérobé la perle aux yeux des matelots,
    J’ai, dans mon âme, loin des foules curieuses,
    Enfoui mon amour et caché mes sanglots.

    Oh ! de mon cœur blessé le douloureux mystère,
    Madame, à vos regards restera toujours clos ;
    La fleur de mon amour s’éteindra, solitaire,
    Beau lis que le soleil n’aura...

  •  
    « I love not man the less but nature more ! »
    (BYRON.)

    Oh ! non, vous vous trompez, la solitude est sainte !
    Votre fils est heureux sous l’arbre de l’enceinte,
    Quand il entend le chant de nos rouges moqueurs,
    Harmonie enivrante et faite pour nos cœurs,
    Oh ! ne répétez point ces amères paroles :
    Vous ne connaissez point nos...

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    Or, pendant que Jésus soupait, à Béthanie,
    Entouré de fervents, chez Simon le lépreux,
    Madeleine franchit le seuil du malheureux,
    Et, souriant avec une grâce infinie
    Au Christ qui lui montrait de son regard les cieux,
    Elle baigna son front d’un parfum précieux.

    Cette profusion indigna les apôtres.
    — Nous pouvions, disaient-ils, vendre cher ce...

  •  
    Enfant, as-tu trouvé de l’amertume au fond
    Du vase éblouissant qui te versait la vie,
    Que tu viens d’écarter tout à coup ton beau front
    De la foule où naguère on te voyait ravie ?

    Si jeune encore, as-tu déjà fait des ingrats ?
    As-tu vu s’envoler quelque illusion blonde ?
    Le sort ne veut-il plus te bercer dans ses bras ?
    Oh ! dis-moi donc...

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    Ô fille du printemps, douce et touchante image
    D’un cœur modeste et vertueux,
    Du sein de ce gazon tu remplis ce bocage
    De ton parfum délicieux.
    (Mme d’Hautpoul)

     
    On dit que la charmante Adèle
    Possède grâces et douceur.
    Que l’on serait heureux près d’elle,
    ...