Étienne Eggis

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    Connais-tu la romance
    Qui fait toujours pleurer,
    Que le cœur recommence
    Sans se désespérer ?

    Carl aimait Madeleine :
    Il eût baisé ses pas ;
    Il buvait son haleine :
    — Elle ne l’aimait pas.

    Elle aimait un beau pâtre
    Qui passait sans...

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    I

    Voyager ! voyager !
    Sur un sol étranger
    A travers le danger
    Promener, libre et seul, sa vie aventureuse ;
    Près des vieux matelots,
    Écouter les grands flots
    A côté des îlots
    Chanter pendant la nuit sous la lune amoureuse.

    Au fond d...

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    Il existe un poète aux odes insondées,
    Plus vaste que les cieux, plus grand que l’infini ;
    Son cœur est l’océan où naissent les idées,
    L’univers à genoux chante son nom béni.

    Son regard rajeunit les croyances ridées ;
    Il sculpte au cœur humain l’espoir dans...

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    O poëte niais ! pauvre arrangeur de rimes,
    Tu veux chanter, dis-tu, mais qui t’écoutera ?
    Eh ! les vers aujourd’hui se débitent en primes ;
    On en fait à la toise et nul ne les lira.

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    I

    Je rêvais cette nuit
    A peu près vers minuit
    Que j’étais étendu mort, au fond d’une tombe,
    Et que ce froid brouillard qui, des monts, la nuit, tombe,
    Étendait sur le sol
    Son brumeux parasol ;

    II

    Quelques fleurs désolées
    ...

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    Enfants, connaissez-vous un ange de la terre.
    Aussi pur, aussi beau que les anges des cieux ?
    Il embaume ici-bas le sentier solitaire
    Et rend doux et sereins tous les fronts soucieux.

    Autour de son grand front palpite la lumière.
    Il est venu vers nous pour...

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    L’Océan n’adoucit son onde acre et salée
    Que lorsque le soleil l’a pompée au ciel bleu,
    Et reversée en pluie au sein de la vallée,

    La mer c’est le génie, et le soleil c’est Dieu.

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    O mon pâle rêveur ! me disait une femme.
    Toi dont le cœur est mort dans ton sein déchiré,
    Et dont l’œil cependant reluit sous tant de flamme,
    Sceptique de vingt ans, as-tu jamais pleuré ?

    Hélas ! lui répondis-je, aux faiblesses humaines
    Je n’ai pu m’...

  •  
    Sous le vent de la nuit la mer tumultueuse
    S’agitait dans le lit que Dieu fit à ses flots ;
    Et de son sein troublé, sombre et majestueuse,
    Montait une hymne sourde où roulaient des sanglots.

    La vague bondissait vers la grève immobile,
    Reculait, s’abîmait et...

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    Un jour un prince allemand
    Fit abattre un bois de chênes
    Qui couvrait, sombre et dormant,
    Quelques collines prochaines.

    Et des arbres qu’abattit
    L’ingrate et sourde cognée,
    On dit qu’alors il sortit
    Comme une voix éloignée :

    Prends garde...