Germain Nouveau

  • Ni tout noirs, ni tout verts, couleur
    D'espérances jamais en fleur,
    Les ifs balancent des colombes,
    Et cela réjouit les tombes.

    Elles éclatent, dans les ifs,
    Ainsi que des fruits excessifs,
    Effeuillant leurs plumes perdues
    Au vent des vieilles...

  • C'est la triste feuille morte
    Que le vent d'octobre emporte,
    C'est la lune, au front du jour,
    Que nulle étoile n'escorte,
    Au soleil, c'est mon amour,
    L'enfant plus pâle que blanche :
    Beau fruit mourant sur la branche !

    Mais quand la nuit est levée...

  • Nous habiterons un discret boudoir,
    Toujours saturé d'une odeur divine,
    Ne laissant entrer, comme on le devine,
    Qu'un jour faible et doux ressemblant au soir.

    Une blonde frêle en mignon peignoir
    Tirera des sons d'une mandoline,
    Et les blancs rideaux tout...

  • Elle veille en sa chaise étroite ;
    Quelque roi d'Egypte a sculpté
    Dans l'extase et la gravité
    Le corps droit et la tête droite.

    Moitié coiffe et moitié bandeau,
    Fond pur à des lignes vermeilles,
    Un pan tourne autour des oreilles,
    Sa robe est la...

  • Parmi les marbres qu'on renomme
    Sous le ciel d'Athène ou de Rome,
    Je prends le plus pur, le plus blanc,
    Je le taille et puis je l'étale
    Dans ta pose d'Horizontale
    Soulevée... un peu... sur le flanc...

    Voici la tête qui se dresse,
    Qu'une ample...

  • Comme un exilé du vieux thème,
    J'ai descendu ton escalier ;
    Mais ce qu'a lié l'Amour même,
    Le temps ne peut le délier.

    Chaque soir quand ton corps se couche
    Dans ton lit qui n'est plus à moi,
    Tes lèvres sont loin de ma bouche ;
    Cependant, je dors...

  • Madame, on m'a dit l'autre jour
    Que j'imitais... qui donc ? devine ;
    Que j'imitais Musset : le tour
    N'en est pas nouveau, j'imagine.

    Musset a répondu pour nous :
    " C'est imiter quelqu'un, que diantre !
    Écrit-il, que planter des choux
    En terre... ou des...

  • Aimez vos mains afin qu'un jour vos mains soient belles,
    Il n'est pas de parfum trop précieux pour elles,
    Soignez-les. Taillez bien les ongles douloureux,
    Il n'est pas d'instruments trop délicats pour eux.

    C'est Dieu qui fit les mains fécondes en merveilles ;
    ...

  • N'êtes-vous pas toute petite
    Dans votre vaste appartement,
    Où comme un oiseau qui palpite
    Voltige votre pied normand ?

    N'est-elle pas toute mignonne,
    Blanche dans l'ombre où tu souris,
    Votre taille qui s'abandonne,
    Parisienne de Paris ?

    N...

  • Je vous connais comme elle, ô murs, travail des nonnes,
    Préaux fleuris d'amours furtifs, silencieux
    Parloirs, où, par la nuit, l'âme des lunes bonnes
    Se distille, rosée errante de leurs yeux ;

    Cour grise où tourne le soulier lacé des grandes,
    Couvrant sous de...