« I love not man the less but nature more ! »
(BYRON.)
Oh ! non, vous vous trompez, la solitude est sainte !
Votre fils est heureux sous l’arbre de l’enceinte,
Quand il entend le chant de nos rouges moqueurs,
Harmonie enivrante et faite pour nos cœurs,
Oh ! ne répétez point ces amères paroles :
Vous ne connaissez point nos savanes créoles.
Si votre enfant aimé vit comme Robinson,
Oh ! c’est qu’il est poëte et que son cœur est bon,
Oh ! c’est qu’il a compris que là, la vie est douce,
C’est qu’un instinct puissant vers la forêt nous pousse,
Que nous avons besoin, nous poëtes jumeaux,
De la voix des grands pins pour endormir nos maux
Lorsque nous savourons, sur la natte créole,
Le far niente de Naple et la sieste espagnole,
Que nous avons besoin tous deux, comme René,
D’y reposer un cœur du ciel abandonné,
D’y confier la nuit nos secrets aux vieux chênes,
D’y vivre et mourir loin des affaires humaines !
Nouvelle-Orléans, janvier 1837.