Ô fille du printemps, douce et touchante image
D’un cœur modeste et vertueux,
Du sein de ce gazon tu remplis ce bocage
De ton parfum délicieux.
(Mme d’Hautpoul)
On dit que la charmante Adèle
Possède grâces et douceur.
Que l’on serait heureux près d’elle,
Si l’on pouvait toucher son cœur !
Mais pour parvenir à lui plaire,
Il faut égaler ses vertus ;
Et tous mes soins seraient perdus,
Si j’entreprenais de le faire.
De la rose qui vient d’éclore
Elle a l’éclat et la fraîcheur ;
Mais plus simple, elle joint encore
La modestie à la candeur.
Je sais que ma muse légère
Est peu digne de ses appas,
Et les chanter ne pourrait pas,
Quand elle essaîrait de le faire.
Si quelquefois la perfidie
Se pare d’attraits séduisants,
Je le dirai, sans flatterie,
Adèle ignore ces instants.
Ah ! pardonnez au téméraire
Qui vient de tracer ce portrait :
Un Béranger seul le pourrait,
S’il entreprenait de le faire.
1836