Voile impatiente

 
    La voile est lente et lourde, attardée en ce port.
    Elle qui sut braver les plus fortes tempêtes,
    Et qui connaît leurs cris et leurs plaintes secrètes,
    Pour elle, le repos est pareil à la mort…

    La voile est lente et lourde, attardée en ce port…

    O le charmant péril du magnifique orage,
    De son retentissant tonnerre, de l’éclair
    Qui déchire la nuit en un rayon trop clair…
    Défiant la folie ou l’effort du courage…

    Vieux marins, veillez… Le temps est à l’orage !

    Mais la voile s’agite, au fond morne du port…
    Elle appelle le vent des plus grandes tempêtes,
    Car les mâts sont hissés… Toutes ses sœurs sont prêtes…
    Nulle ne craint le vent qui menace la mort…

    Mais la voile pourrit dans la vase du port…

Collection: 
1897

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