François Coppée

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    Une fois, terrassé par un puissant breuvage,
    J’ai rêvé que parmi les vagues et le bruit
    De la mer je voguais sans fanal dans la nuit,
    Morne rameur, n’ayant plus l’espoir du rivage.

    L’Océan me crachait ses baves sur le front
    Et le vent me glaçait d’horreur...

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    DON JUAN n’est pas mort. Aucun gouffre
    N’absorba le grand Curieux.
    L’antique enfer n’a plus de soufre.
    Don Juan vit. Don Juan s’est fait vieux.

    Très longtemps, fidèle à son rôle,
    Il a bravé toute pudeur,
    Sans que tombât...

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    C’est une vieille fille en cheveux blancs ; elle est
    Pâle et maigre ; un antique et grossier chapelet
    S’égrène, machinal, sous ses doigts à mitaines.
    Sans cesse remuant ses lèvres puritaines
    D’où tombent les Pater noster et les Ave,
    Et laissant...

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    UN soir de mai, trouvant que vivre est un ennui,
    Sûr du spleen de demain par le spleen d’aujourd’hui,
    J’allais, le front courbé, les yeux fixés en terre,
    Sur le calme trottoir d’un faubourg solitaire,
    Sans voir s’ouvrir au ciel les étoiles en fleur...

  • Dans le salon bourgeois où je l’ai rencontrée,
    Ses yeux doux et craintifs, son front d’ange proscrit,
    M’attirèrent d’abord vers elle, et l’on m’apprit
    Que d’un mari brutal elle était séparée.

    Elle venait encor chez ces anciens amis,
    Dont la maison avait vu grandir...

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    C’était en Thermidor, à la Conciergerie.

    Ils étaient là deux cents, parqués pour la tuerie,
    Pêle-mêle, arpentant le sinistre préau.
    La Terreur redoublait. Derniers coups du fléau
    Sur les épis ! Derniers éclairs de la tempête !
    Sur Paris consterné, le...

  • À Alexis Orsat.

    I

    Quand ils vinrent louer deux chambres au cinquième,
    Le portier, d’un coup d’œil plein d’un mépris suprême,
    Comprit tout et conclut : – C’est des petites gens.
    Le garçonnet, avec ses yeux intelligents,
    ...

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    En ce temps-là, Jésus, seul avec Pierre, errait
    Sur la rive du lac, près de Génésareth,
    À l’heure où le brûlant soleil de midi plane,
    Quand ils virent, devant une pauvre cabane,
    La veuve d’un pêcheur, en longs voiles de deuil,
    Qui s’était tristement assise...

  • J’ai dit au ramier : « Pars ! et va quand même,
    Au delà des champs d’avoine et de foin,
    Me chercher la fleur qui fera qu’on m’aime.
           Le ramier m’a dit : « C’est trop loin ! »
     
    Et j’ai dit à l’aigle : « Aide-moi, j’y compte,
    Et, si c’est le feu du ciel...

  • Obsédé par ces mots, le veuvage et l’automne,
    Mon rêve n’en veut pas d’autres pour exprimer
    Cette mélancolie immense et monotone
    Qui m’ôte tout espoir et tout désir d’aimer.

    Il évoque sans cesse une très-longue allée
    De platanes géants dépouillés à demi,
    Dans...