François Coppée

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    Hélas ! pourquoi si tard t’ai-je donc rencontrée,
    Rose de mon automne, ô mignonne adorée ?
    Pourquoi, pourquoi si tard ?... Je songe bien souvent
    Que jadis, moi, jeune homme, et toi, petite enfant,
    Nous étions des voisins, et que, sans nous connaître,
    Moi,...

  • À Madame Eugénie Doche.

    C’est l’aurore et c’est l’avril,
    Lui dit-il,
    Viens, la rosée étincelle.
    – Le vallon est embaumé :
    Viens, c’est mai
    Et c’est l’aube, lui dit-elle

    Et dans le bois abritant
    Un...

  • Un liseron, madame, aimait une fauvette.
    – Vous pardonnerez bien cette idée au poète
    Qu’une plante puisse être éprise d’un oiseau. –
    Un liseron des bois, éclos près d’un ruisseau,
    Au fond du parc, au bout du vieux mur plein de brèches,
    Et qui, triste, rampait parmi...

  • Ce n’est pas qu’elle fût bien belle ;
    Mais nous avions tous deux vingt ans,
    Et ce jour-là, – je me rappelle, –
    Était un matin de printemps.

    Ce n’est pas qu’elle eût l’air bien grave ;
    Mais je jure ici que jamais
    ]e n’ai rien osé de plus brave
    Que de...

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    QUOI ? Toujours l’éternel regret !
    Toujours l’Alsace et la Lorraine !
    Mais la perte est déjà lointaine ;
    Un peuple pratique oublierait.

    N’avez-vous pas l’instinct secret
    Que ce serait la paix certaine,
    Si nous abjurions notre haine,...

  • L’espoir divin qu’à deux on parvient à former
    Et qu’à deux on partage,
    L’espoir d’aimer longtemps, d’aimer toujours, d’aimer
    Chaque jour davantage ;

    Le désir éternel, chimérique et touchant,
    Que les amants soupirent,
    A l’instant adorable où, tout en se...

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    « POUR toujours ! » me dis-tu, le front sur mon épaule.
    Cependant nous serons séparés, c’est le sort.
    L’un de nous le premier sera pris par la mort
    Et s’en ira dormir sous l’if ou sous le saule.

    Vingt fois, les vieux marins qui flânent sur le môle...

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    SAIS-TU que voilà dix ans, ma sincère,
    Que nous nous aimons si fort et si bien ?
    Et c’est, pour ma route, un poids nécessaire,
    Ton bras confiant posé sur le mien.

    Le charme profond par qui tu m’attires,
    Pour jamais, ma douce, a su me fixer,...

  • Ô France ! je sais bien que, dans cette tuerie,
    À celui qui dira : pitié ! pudeur ! patrie !
         Ces acharnés répondront : Non !
    Que tout espoir de paix est presque une chimère ;
    Mais je serai l’écho de ta douleur de mère
         Parmi l’orage du canon.

    Je...

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    Le devin Thoutmès quatre est mort, et sa momie
    Est dans son hypogée à jamais endormie ;
    Thoutmès quatre est au rang des dieux-rois. Et son fils,
    Le nouveau pharaon d’Egypte, Aménophis,
    A pris possession du trône de son père.
    Coiffé du bandeau d’or où se tord...