François Coppée

  • Tenez, lecteur ! - souvent, tout seul, je me promène
    Au lieu qui fut jadis la barrière du Maine.
    C'est laid, surtout depuis le siège de Paris.
    On a planté d'affreux arbustes rabougris
    Sur ces longs boulevards où naguère des ormes
    De deux cents ans croisaient leurs...

  • J'adore la banlieue avec ses champs en friche
    Et ses vieux murs lépreux, où quelque ancienne affiche
    Me parle de quartiers dès longtemps démolis.
    Ô vanité ! Le nom du marchand que j'y lis
    Doit orner un tombeau dans le Père-Lachaise.
    Je m'attarde. Il n'est rien ici qui ne...

  • Le soir, au coin du feu, j'ai pensé bien des fois
    À la mort d'un oiseau, quelque part, dans les bois.
    Pendant les tristes jours de l'hiver monotone,
    Les pauvres nids déserts, les nids qu'on abandonne,
    Se balancent au vent sur un ciel gris de fer.
    Oh ! comme les oiseaux...

  • Je suis un pâle enfant du vieux Paris, et j'ai
    Le regret des rêveurs qui n'ont pas voyagé.
    Au pays bleu mon âme en vain se réfugie,
    Elle n'a jamais pu perdre la nostalgie
    Des verts chemins qui vont là-bas, à l'horizon.
    Comme un pauvre captif vieilli dans sa prison...

  • Sur le terrain de foire, au grand soleil brûlé,
    Le cirque des chevaux de bois s'est ébranlé
    Et l'orgue attaque l'air connu : " Tant mieux pour elle ! "
    Mais la brune grisette a fermé son ombrelle,
    Et, bien en selle, avec un petit air vainqueur,
    Elle va se payer deux sous...

  • A Paris, en été, les soirs sont étouffants.
    Et moi, noir promeneur qu'évitent les enfants,
    Qui fuis la joie et fais, en flânant, bien des lieues,
    Je m'en vais, ces jours-là, vers les tristes banlieues.
    Je prends quelque ruelle où pousse le gazon
    Et dont un mur tournant...

  • Chère âme, si l'on voit que vous plaignez tout bas
    Le chagrin du poète exilé qui vous aime,
    On raillera ma peine, et l'on vous dira même
    Que l'amour fait souffrir, mais que l'on n'en meurt pas.

    Ainsi qu'un mutilé qui survit aux combats,
    L'amant désespéré qui s'en...

  • Ce serait sur les bords de la Seine. Je vois
    Notre chalet, voilé par un bouquet de bois.
    Un hamac au jardin, un bateau sur le fleuve.
    Pas d'autre compagnon qu'un chien de Terre-Neuve
    Qu'elle aimerait et dont je serais bien jaloux.
    Des faïences à fleurs pendraient après...

  • Hors du coffret de laque aux clous d'argent, parmi
    Les fleurs du tapis jaune aux nuances calmées,
    Le riche et lourd collier qu'agrafent deux camées,
    Ruisselle et se répand sur la table à demi.

    Un oblique rayon l'atteint. L'or a frémi.
    L'étincelle s'attache aux...

  • Je n'ai jamais compris l'ambition. Je pense
    Que l'homme simple trouve en lui sa récompense,
    Et le modeste sort dont je suis envieux,
    Si je travaille bien et si je deviens vieux,
    Sans que mon coeur de luxe ou de gloire s'affame,
    C'est celui d'un vieil homme avec sa...