François Coppée

  • La douleur aiguise les sens ;
    - Hélas ! ma mignonne est partie ! -
    Et dans la nature je sens
    Une secrète sympathie.

    Je sens que les nids querelleurs
    Par égard pour moi se contraignent,
    Que je fais de la peine aux fleurs
    Et que les étoiles me plaignent....

  • Devant le frais cottage au gracieux perron,
    Sous la porte que timbre un tortil de baron,
    Debout entre les deux gros vases de faïence,
    L'amazone, déjà pleine d'impatience,
    Apparaît, svelte et blonde, et portant sous son bras
    Sa lourde jupe, avec un charmant embarras....

  • Noces du samedi ! noces où l'on s'amuse,
    Je vous rencontre au bois où ma flaneuse Muse
    Entend venir de loin les cris facétieux
    Des femmes en bonnet et des gars en messieurs
    Qui leur donnent le bras en fumant un cigare,
    Tandis qu'en un bosquet le marié s'égare,...

  • A la princesse D.....

    C'est un parc scandinave, aux sapins toujours verts,
    Où le vent automnal courbe les fleurs d'hivers
    Dans les vases de marbre ancien sur la terrasse ;
    Et la vierge royale en qui revit la race
    Des brumeux Suénon dont son père descend,
    L'...

  • Un rêve de bonheur qui souvent m'accompagne,
    C'est d'avoir un logis donnant sur la campagne,
    Près des toits, tout au bout du faubourg prolongé,
    Où je vivrais ainsi qu'un ouvrier rangé.
    C'est là, me semble-t-il, qu'on ferait un bon livre.
    En hiver, l'horizon des coteaux...

  • Volupté des parfums ! ? Oui, toute odeur est fée.
    Si j'épluche, le soir, une orange échauffée,
    Je rêve de théâtre et de profonds décors ;
    Si je brûle un fagot, je vois, sonnant leurs cors,
    Dans la forêt d'hiver les chasseurs faire halte ;
    Si je traverse enfin ce...

  • Septembre au ciel léger taché de cerfs-volants
    Est favorable à la flânerie à pas lents,
    Par la rue, en sortant de chez la femme aimée,
    Après un tendre adieu dont l'âme est parfumée.
    Pour moi, je crois toujours l'aimer mieux et bien plus
    Dans ce mois-ci, car c'est l'...

  • Vous êtes dans le vrai, canotiers, calicots !
    Pour voir des boutons d'or et des coquelicots,
    Vous partez, le dimanche, et remplissez les gares
    De femmes, de chansons, de joie et de cigares,
    Et, pour être charmants et faire votre cour,
    Vous savez imiter les cris de basse-...

  • Le crépuscule est triste et doux comme un adieu.
    A l'orient déjà, dans le ciel sombre et bleu
    Où lentement la nuit qui monte étend ses voiles,
    De timides clartés, vagues espoirs d'étoiles,
    Contemplent l'occident clair encore, y cherchant
    Le rose souvenir d'un beau soleil...

  • C'est vrai, j'aime Paris d'une amitié malsaine ;
    J'ai partout le regret des vieux bords de la Seine
    Devant la vaste mer, devant les pics neigeux,
    Je rêve d'un faubourg plein d'enfants et de jeux.
    D'un coteau tout pelé d'où ma Muse s'applique
    A noter les tons fins d'un...