François Coppée

  • O poète trop prompt à te laisser charmer,
    Si cette douce enfant devait t'être ravie,
    Et si ce coeur en qui tout le tien se confie
    Ne pouvait pas pour toi frémir et s'animer ?

    N'importe ! ses yeux seuls ont su faire germer
    Dans mon âme si lasse et de tout assouvie...

  • J'écris près de la lampe. Il fait bon. Rien ne bouge.
    Toute petite, en noir, dans le grand fauteuil rouge,
    Tranquille auprès du feu, ma vieille mère est là ;
    Elle songe sans doute au mal qui m'exila
    Loin d'elle, l'autre hiver, mais sans trop d'épouvante,
    Car je suis sage...

  • Champêtres et lointains quartiers, je vous préfère
    Sans doute par les nuits d'été, quand l'atmosphère
    S'emplit de l'odeur forte et tiède des jardins ;
    Mais j'aime aussi vos bals en plein vent d'où, soudains,
    S'échappent les éclats de rire à pleine bouche,
    Les polkas, le...

  • Songes-tu parfois, bien-aimée,
    Assise près du foyer clair,
    Lorsque sous la porte fermée
    Gémit la bise de l'hiver,

    Qu'après cette automne clémente,
    Les oiseaux, cher peuple étourdi,
    Trop tard, par un jour de tourmente,
    Ont pris leur vol vers le Midi...

  • Captif de l'hiver dans ma chambre
    Et las de tant d'espoirs menteurs,
    Je vois dans un ciel de novembre,
    Partir les derniers migrateurs.

    Ils souffrent bien sous cette pluie ;
    Mais, au pays ensoleillé,
    Je songe qu'un rayon essuie
    Et réchauffe l'oiseau...

  • Dans cette vie ou nous ne sommes
    Que pour un temps si tôt fini,
    L'instinct des oiseaux et des hommes
    Sera toujours de faire un nid ;

    Et d'un peu de paille ou d'argile
    Tous veulent se construire, un jour,
    Un humble toit, chaud et fragile,
    Pour la...

  • Dans les nuits d'automne, errant par la ville,
    Je regarde au ciel avec mon désir,
    Car si, dans le temps qu'une étoile file,
    On forme un souhait, il doit s'accomplir.

    Enfant, mes souhaits sont toujours les mêmes :
    Quand un astre tombe, alors, plein d'émoi,
    Je...

  • Souvent, lorsque la main sur les yeux je médite,
    Elle m'apparaît, svelte et la tête petite,
    Avec ses blonds cheveux coupés courts sur le front.
    Trouverai-je jamais des mots qui la peindront,
    La chère vision que malgré moi j'ai fuie ?
    Qu'est auprès de son teint la rose...

  • La rue était déserte et donnait sur les champs.
    Quand j'allais voir l'été les beaux soleils couchants
    Avec le rêve aimé qui partout m'accompagne,
    Je la suivais toujours pour gagner la campagne,
    Et j'avais remarqué que, dans une maison
    Qui fait l'angle et qui tient,...

  • Mais je l'ai vu si peu ! disiez-vous l'autre jour.
    Et moi, vous ai-je vue en effet davantage ?
    En un moment mon coeur s'est donné sans partage.
    Ne pouvez-vous ainsi m'aimer à votre tour ?

    Pour monter d'un coup d'aile au sommet de la tour,
    Pour emplir de clartés...