François Coppée

  • Mon coeur était jadis comme un palais romain,
    Tout construit de granits choisis, de marbres rares.
    Bientôt les passions, comme un flot de barbares,
    L'envahirent, la hache ou la torche à la main.

    Ce fut une ruine alors. Nul bruit humain.
    Vipères et hiboux....

  • Quand vous me montrez une rose
    Qui s'épanouit sous l'azur,
    Pourquoi suis-je alors plus morose ?
    Quand vous me montrez une rose,
    C'est que je pense à son front pur.

    Quand vous me montrez une étoile,
    Pourquoi les pleurs, comme un brouillard,
    Sur mes...

  • L'allée est droite et longue, et sur le ciel d'hiver
    Se dressent hardiment les grands arbres de fer,
    Vieux ormes dépouillés dont le sommet se touche.
    Tout au bout, le soleil, large et rouge, se couche.
    À l'horizon il va plonger dans un moment.
    Pas un oiseau. Parfois un...

  • Le hibou parmi les décombres
    Hurle, et Décembre va finir ;
    Et le douloureux souvenir
    Sur ton coeur jette encor ses ombres.

    Le vol de ces jours que tu nombres,
    L'aurais-tu voulu retenir ?
    Combien seront, dans l'avenir,
    Brillants et purs ; et combien,...

  • Quand de la divine enfant de Norvège,
    Tout tremblant d'amour, j'osai m'approcher,
    Il tombait alors des flocons de neige.

    Comme un martinet revole au clocher,
    Quand je la revis, plein d'ardeurs plus fortes,
    Il tombait alors des fleurs de pêcher.

    Ah ! je...

  • Elle sait que l'attente est un cruel supplice,
    Qu'il doit souffrir déjà, qu'il faut qu'elle accomplisse
    Le serment qu'elle a fait d'être là, vers midi.
    Mais, parmi les parfums du boudoir attiédi,
    Elle s'est attardée à finir sa toilette.
    Et devant le miroir charmé qui la...

  • Le salon s'ouvre sur le parc
    Où les grands arbres, d'un vert sombre,
    Unissent leurs rameaux en arc
    Sur les gazons qu'ils baignent d'ombre.

    Si je me retourne soudain
    Dans le fauteuil où j'ai pris place,
    Je revois encor le jardin
    Qui se reflète dans...

  • Dans la plaine blonde et sous les allées,
    Pour mieux faire accueil au doux messidor,
    Nous irons chasser les choses ailées,
    Moi, la strophe, et toi, les papillons d'or.

    Et nous choisirons les routes tentantes,
    Sous les saules gris et près des roseaux,
    Pour...

  • Dans le faubourg qui monte au cimetière,
    Passant rêveur, j'ai souvent observé
    Les croix de bois et les tombeaux de pierre
    Attendant là qu'un nom y fût gravé.

    Tu m'es ravie, enfant, et la nuit tombe
    Dans ma pauvre âme où l'espoir s'amoindrit ;
    Mais sur mon...

  • Espiègle ! j'ai bien vu tout ce que vous faisiez,
    Ce matin, dans le champ planté de cerisiers
    Où seule vous étiez, nu-tête, en robe blanche.
    Caché par le taillis, j'observais. Une branche,
    Lourde sous les fruits mûrs, vous barrait le chemin
    Et se trouvait à la hauteur de...