François Coppée

  • Hélas ! la chimère s'envole
    Et l'espoir ne m'est plus permis ;
    Mais je défends qu'on me console.

    Ne me plaignez pas, mes amis.
    J'aime ma peine intérieure
    Et l'accepte d'un coeur soumis.

    Ma part est encor la meilleure,
    Puisque mon amour m'est...

  • Prisonnier d'un bureau, je connais le plaisir
    De goûter, tous les soirs, un moment de loisir.
    Je rentre lentement chez moi, je me délasse
    Aux cris des écoliers qui sortent de la classe ;
    Je traverse un jardin, où j'écoute, en marchant,
    Les adieux que les nids font au...

  • Bon Suisse expatrié, la tristesse te gagne,
    Loin de ton Alpe blanche aux éternels hivers ;
    Et tu songes alors aux prés de fleurs couverts,
    A la corne du pâtre, au loin, dans la montagne.

    Lassé parfois, je fuis la ville comme un bagne,
    Et son ciel fin, miré dans la...

  •  
    L’Éden resplendissait dans sa beauté première.

    Ève, les yeux fermés encore à la lumière,
    Venait d’être créée, et reposait, parmi
    L’herbe en fleur, avec l’homme auprès d’elle endormi ;
    Et, pour le mal futur qu’en enfer le Rebelle
    Méditait, elle était...

  •  
    À Paul Verlaine.

    Sur un fond d’or pâli, les saints rouges et bleus
    Qu’un plomb noir délimite en dessins anguleux,
    Croisant les bras, levant au ciel un œil étrange :
    Marc, brun, près du lion ; Mathieu, roux, près de l’ange
    Et Jean, tout rose, avec l’...

  •  
    Monsieur Vincent de Paule, aumônier des galères,
    Vieux prêtre humble de cœur et de mœurs populaires,
    Quand il vient à Paris, demeure à l’hôpital
    Du couvent qu’a fondé Madame de Chantal.
    Sa chambre n’a qu’un lit et deux chaises de paille,
    Et l’unique tableau...

  • À Jocelyn Bargoin.

    En mai, par une pure et chaude après-midi,
    Je cheminais au bord d doux fleuve attiédi
    Où se réfléchissait la fuite d’un nuage.
    Je suivais lentement le chemin de halage
    Tout en fleurs, qui descend en pente vers...

  • S’il est vrai que ce monde est pour l’homme un exil
    Où, ployant sous le faix du labeur dur & vil,
    Il expie en pleurant sa vie antérieure ;
    S’il est vrai que, dans une existence meilleure,
    Parmi les astres d’or qui roulent dans l’azur,
    Il a vécu, formé d’un...

  •  
    Longuement poursuivi par le spleen détesté,
    Quand je vais dans les champs, par les beaux soirs d’été,
    Au grand air rafraîchir mes tempes,
    Je ris de voir, le long des bois, les fiancés...

  •  
    I

    Dès que son fiancé fut parti pour la guerre,
    Sans larmes dans les yeux ni désespoir vulgaire,
    Irène de Grandfief, la noble et pure enfant,
    Revêtit les habits qu’elle avait au couvent :
    La robe noire avec l’étroite pèlerine
    Et la petite croix d’...