François Coppée

  • Le train stoppa ; c’était la station de Sèvres.

    Assis dans mon wagon, la cigarette aux lèvres,
    En jetant un regard dehors, je remarquai,
    Près de la porte en bois ouverte sur le quai,
    Un groupe de trois sœurs vraiment presque pareilles :
    Mêmes cheveux au vent...

  • Un jour, — pardonnez-moi ce crime, ô grands plastiques !
    Un jour, je promenais dans le Louvre, aux Antiques,
    Mes rêves d’art intime et de modernité.
    Le Musée est très-frais et très-calme, en été.
    Après le Carrousel torride et son asphalte,
    Il est doux, par les jours...

  • Lecteur, à toi ces vers, graves historiens
    De ce que la plupart appelleraient des riens,
    Spectateur indulgent qui vis ainsi qu’on rêve,
    Qui laisses s’écouler le temps & trouves brève
    Cette succession de printemps & d’hivers,
    Lecteur mélancolique & doux,...

  • Longuement poursuivi par le spleen détesté,
    Quand je vais dans les champs, par les beaux soirs d’été.
    Au grand air rafraîchir mes tempes,
    Je ris de voir, le long des bois, les fiancés
    ...

  • Pour aimer une fois encor, mais une seule,
    Je veux, libertin repentant,
    La vierge qui, rêveuse aux genoux d’une aïeule,
    ...

  • Las des pédants de Salamanque
    Et de l’école aux noirs gradins,
    Je vais me faire saltimbanque
    Et vivre avec les baladins.

    Que je couche entre quatre toiles,
    La nuque sur un vieux tambour,
    Mais que la fraîcheur des étoiles
    Baigne mon front brûlé d’amour...

  • Si chétive, une haleine, une âme,
    L’orpheline du porte-clés
    Promenait dans la cour infâme
    L’innocence en cheveux bouclés.

    Elle avait cinq ans ; son épaule
    Était blanche sous les haillons,
    Et, libre, elle emplissait la geôle
    D’éclats de rire et de rayons...

  •  

    J’AURAI cinquante ans tout à l’heure ;
    Je m’y résigne, Dieu merci !
    Mais j’ai ce très grave souci :
    Plus je vieillis, et moins je pleure.

    Je souffre pourtant aujourd’hui
    Comme jadis, et je m’honore
    De sentir vivement encore
    ...

  • À Claudius Popelin, maître émailleur.

    Après avoir blanchi sous un grimoire antique,
    Près du creuset, bravant fagots et Montfaucon,
    Sans avoir trouvé l’or ni le basilicon,
    L’ancien souffleur mourait, pauvre et sans viatique.

    Mais, comme pour...

  •  
    À Théodore de Banville.

    L’an mil quatre cent trois, juste un mois après Pâques,
    Le jour des bienheureux saint Philippe et saint Jacques,
    Très-haut et très-puissant Gottlob, dit le Brutal,
    Baron d’Hildburghausen, comte de Schnepfenthal,
    Grand bailli d...