François Coppée

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    Istvan Benko, magnat de la steppe hongroise,
    Le même qui portait au pouce une turquoise
    Qui pâlissait, dit-on, quand le Turc arrivait,
    Prodigua follement tout le bien qu’il avait.
    Ce seigneur fut vraiment magnifique ; et l’on conte
    Que, dans un bal champêtre...

  • À Hyacinthe Guadet-Azaïs.

    Devant la loterie éclatante, où les lots
    Sont un sucre de pomme ou quelque étrange vase,
    L’illustre Arpin, devant un public en extase,
    Manipule des poids de cinquante kilos.

    Colossal, aux lueurs sanglantes des...

  •  
    Près de la vieille Égra, dans la Bohême noire,
    Rude et sombre contrée à la sanglante histoire,
    Le pâtre au voyageur désigne encor du doigt
    Un très ancien moutier des sœurs de Saint-Benoît,
    Écroulé sous l’assaut des lierres parasites.

    Du temps que Sigismond...

  • Rougissante & tête baissée,
    Je la vois me sourire encor.
    — Pour le doigt de ma fiancée
    Qu’on me fasse un bel anneau d’or.
     
    Elle part, mais bonne & fidèle ;
    Je vais l’attendre en m’affligeant.
    — Pour garder ce qui me vient d’elle
    Qu’on me...

  • Maman, et toi, vieux père, et toi, ma sœur mignonne,
    Ce soir, en attendant que le couvre-feu sonne,
    Je mets la plume en main pour vous dire comment
    Je pense tous les jours à vous très-tendrement,
    Très-tristement aussi, malgré toute espérance ;
    Car, bien qu’ayant...

  • Non, ce n’est pas en vous « un idéal » que j’aime,
    C’est vous tout simplement, mon enfant, c’est vous-même.
    Telle Dieu vous a faite, & telle je vous veux.
    Et rien ne m’éblouit, ni l’or de vos cheveux,
    Ni le feu sombre & doux de vos larges prunelles,
    Bien...

  • Puisqu’à peine désenlacée
    De l’étreinte de mes deux bras,
    Tu demandes à ma pensée
    Ces vers qu’un jour tu brilleras,

    Il faut, ce soir, que je surmonte
    L’état d’adorable langueur
    Où je rougis un peu de honte,
    Tout en souriant de bonheur.

    Pourtant...

  • La pleine mer moutonne au loin sur les brisants.
    Dans les rocs qu’ont usés les flots et les jusants,
    La lame écume et bout au pied de la falaise ;
    Et, debout dans le vent, la jeune Granvillaise,
    Un bras devant les yeux, regarde à l’horizon,
    Car l’équinoxe approche...

  • Des Groënlands et des Norvèges
    Vient-elle avec Seraphita ?

    C’est un parc scandinave, aux sapins toujours verts,
    Où le vent automnal courbe les fleurs d’hivers
    Dans les vases de marbre anciens sur la terrasse ;...

  • Dans la paisible rue où je passe souvent,
    Un jour d’hiver, devant la porte d’un couvent,
    Je vis avec fracas, s’arrêter des carrosses.
    Tous les chevaux portaient, ainsi que pour des noces,
    Une rose à l’oreille ; et les laquais poudrés
    Et superbes, tout droits sur...