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    Apollon dans l’exil végète sur la terre.
    Dépouillé de sa gloire, il a fui loin du ciel,
    Errant, comme l’aiglon qu’a rejeté son père
               Loin du nid maternel.

    Ah ! plaignez le destin du dieu de l’harmonie !
    Des plus vils des humains il a subi la loi ;
    Et celui dont l’Olympe admirait le génie
               Est l’esclave d’un roi !

    ...

  • C’est dans un bois sinistre et formidable, au nord
    De la Gaule. Roidis par un suprême effort,
    Les chênes monstrueux supportent avec rage
    Les grands nuages noirs d’où va tomber l’orage ;
    Le matin frissonnant s’éveille, et la clarté
    De l’aube mord déjà le ciel ensanglanté.
      Tout est lugubre et pâle, et les...

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    « Qui n’a tourné les yeux, dans ces momens où la patrie
    » fatigue, vers la république de Washington ? Qui ne s’est
    » assis, dans la pensée, à l’ombre des forêts et des lois de
    » l’Amérique ?»
    (L’abbé Henri LACORDAIRE.)

    « J’irai errant dans mes solitudes ; pas un seul battement
    » de mon coeur ne sera comprimé ; pas une seule de mes...

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    Il s’en allait errant sur la terre. Que Dieu
    guide le pauvre exilé !
    (LAMENNAIS.)

    Aimer ! parole triste, insultante ironie,
    Pour qui vit un matin ;
    Mot fatal et qui n’a d’écho, dans cette vie,
    Qu’amertume et dédain !
    (A. de LATOUR.)

    Je pars…nul écho sur la rive,
    Pas un murmure dans les bois ;
    Pas un bruit de...

  • Hier, en parcourant les cités populeuses,
    Le voyageur pieux trouvait presque toujours
    Quelque chapelle étroite, où brûlaient des veilleuses,
    Près d’un couvent, aux murs silencieux et sourds.

    En entrant il craignait d’éveiller trop les dalles :
    Et, dans l’obscurité, vers le Saint Sacrement,
    Voici qu’il entendait le chœur des voix claustrales
    Sur un...

  • Les pas qui s’en allaient jadis
    Et du champ à la grange et de l’étable au puits,
    Les pas qui s’en allaient par la sente sauvage,
    Le dimanche matin, à la messe, au village,
    Fuient aujourd’hui
    ...

  • XII

    La terre est au soleil ce que l'homme est à l'ange.
    L'un est fait de splendeur; l'autre est pétri de fange.
    Toute étoile est soleil; tout astre est paradis.
    Autour des globes purs sont les mondes maudits;
    Et dans l'ombre, où l'esprit voit mieux que la lunette,
    Le soleil paradis traîne l'enfer planète.
    L'ange habitant de l'...

  • VI

    « - Il est enjoint au sieur Hugo de par le roi
    De quitter le royaume. » - Et je m'en vais. Pourquoi ?
    Pourquoi ? mais c'est tout simple, amis. Je suis un homme
    Qui, lorsque l'on dit : Tue ! hésite à dire : Assomme !
    Quand la foule entraînée, hélas ! suit le torrent,
    Je me permets d'avoir un avis différent ;
    Le talion me...

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    J'étais seul près des flots, par une nuit d'étoiles.
    Pas un nuage aux cieux, sur les mers pas de voiles.
    Mes yeux plongeaient plus loin que le monde réel.
    Et les bois, et les monts, et toute la nature,
    Semblaient interroger dans un confus murmure
       Les flots des mers, les feux du ciel.

    Et les étoiles d'or, légions infinies,
    A voix haute, à...

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    Vois, ma Thaïs, cette vigne amoureuse
    Se marier à ce jeune arbrisseau ;
    Vois le lierre embrasser l’ormeau
    De sa guirlande tortueuse.
    Puissent tes bras voluptueux
    Me serrer, m’enchaîner de même !
    Puissé-je par autant de noeuds,
    T’enlacer, te presser, te ceindre de mes feux,
    Me replier cent fois autour de ce que j’aime,
    Et puissions-...