Claude-Joseph Dorat

  • Ode anacréontique

    Souffle divin, puissant moteur,
    Dont les impressions soudaines
    Font couler le feu dans nos veines,
    Et le plaisir dans notre coeur :

    Désir, j'adore ton ivresse,
    Tes traits rapides et brûlants,
    Et tes impétueux élans,
    Et ta...

  • Donne-moi, ma belle maîtresse,
    Donne-moi, disais-je, un baiser,
    Doux, amoureux, plein de tendresse...
    Tu n'osas me le refuser :
    Mais que mon bonheur fut rapide !
    Ta bouche à peine, souviens-t-en,
    Eut effleuré ma bouche avide,
    Elle s'en détache à l'instant....

  • Les étoiles brillaient encore :
    A peine un jour faible et douteux
    Ouvre la paupière de Flore,
    Qui, dans ses bras voluptueux,
    Retient l'inconstant qu'elle adore.
    Le souffle humide d'un vent frais
    Effleure les airs qu'il épure,
    Soupire à travers ces bosquets,...

  • Quand neuf baisers m'auront été promis,
    Ne m'en donne que huit, et malgré ta promesse,
    Soudain, échappe, ma Thaïs.
    En la trompant, augmente mon ivresse :
    Cours te cacher derrière tes rideaux,
    Dans ton alcôve, asyle du mystère,
    Sous l'ombrage de tes berceaux ;
    ...

  • Oui ; de ta bouche enfantine
    Donne-moi dans ces vergers
    Autant de furtifs baisers
    Qu'Ovide en prit à Corine ;
    Autant (je n'en veux pas plus)
    Qu'il naît d'amours sur tes traces,
    Qu'on voit jouer de Vénus
    Et de beautés et de grâces,
    Sur ton sein, entre tes...

  • Sous ces tilleuls qui nous prêtent leur ombre,
    Tu me promis cent baisers l'autre jour ;
    Tu me les a donnés, mais sans passer leur nombre,
    Eh ! Quel nombre, dis moi, peut suffire à l'amour ?
    Lorsque Cérès enrichit la nature,
    Sait-elle donc, trop avare Thaïs,
    Le...

  • Don céleste, volupté pure,
    De l'univers moteur secret,
    Doux aiguillon de la nature,
    Et son plus invincible attrait,
    Éclair, qui, brûlant ce qu'il touche,
    Par l'heureux signal de la bouche,
    Avertit tous les autres sens ;
    Viens jouer autour de ma lyre ;
    Qu'...

  •  
    Peintre de la raison, toi, qui sur le Parnasse,
    Es l’oracle du goût, et le rival d’Horace ;
    Dans l’art brillant des vers ta voix sut nous former.
    Ma main trace aujourd’hui l’art de les déclamer.
    Vous, qui voulez enfin sortir de vos ténebres,
    Et ceindre le...

  •  
    Un jour la belle Dionée,
    Dans un de ces bosquets qui couronnent Paphos,
    Fit enlever le fils d’Enée,
    Tandis que le sommeil lui versoit des pavots :
    Elle-même sema de fraîches violettes
    Le gazon embaumé qui lui servoit de lit :
    Près d’Ascagne étendue en...

  •  
    Souvent l’amour se venge d’un volage,
    Je ne le fus qu’un seul jour, et sa nuit ;
    C’est encor trop : ... églé m’avoit séduit :
    Elle étoit belle, et dans la fleur de l’âge.
    D’entre ses bras échappé vers minuit,
    Dans un moment où l’ombre de ses voiles
    ...