Théodore de Banville

  • Par le chemin des vers luisants,
    De gais amis à l'âme fière
    Passent aux bords de la rivière
    Avec des filles de seize ans.
    Beaux de tournure et de visage,
    Ils ravissent le paysage
    De leurs vêtements irisés
    Comme de vertes demoiselles,
    Et ce refrain, qui bat...

  • Italie, Italie, ô terre où toutes choses
    Frissonnent de soleil, hormis tes méchants vins !
    Paradis où l'on trouve avec des lauriers-roses
    Des sorbets à la neige et des ballets divins !

    Terre où le doux langage est rempli de diphthongues !
    Voici qu'on pense à toi,...

  • A travers le bois fauve et radieux,
    Récitant des vers sans qu'on les en prie,
    Vont, couverts de pourpre et d'orfèvrerie,
    Les Comédiens, rois et demi-dieux.

    Hérode brandit son glaive odieux ;
    Dans les oripeaux de la broderie,
    Cléopâtre brille en jupe fleurie...

  • Grâces, ô vous que suit des yeux dans la nuit brune
    Le pâtre qui vous voit, par les rayons de lune,
    Bondir sur le tapis folâtre des gazons,
    Dans votre vêtement de toutes les saisons !
    Et toi qui fais pâmer les fleurs quand tu respires,
    Fleur de neige, ô Cypris ! toi,...

  • Eh bien ! mêle ta vie à la verte forêt !
    Escalade la roche aux nobles altitudes.
    Respire, et libre enfin des vieilles servitudes,
    Fuis les regrets amers que ton coeur savourait.

    Dès l'heure éblouissante où le matin paraît,
    Marche au hasard ; gravis les sentiers les...

  • Ô forêt adorée encor, Fontainebleau !
    Dis-moi, le gardes-tu sur le tronc d'un bouleau,
    Ce nom que j'appelais mon espoir et mes forces,
    Et que j'avais gravé partout dans tes écorces ?

    Elle, enfant comme moi, nous allions, le matin,
    Respirer les odeurs de verdure et...

  • Dans Naxos, où les fleurs ouvrent leurs grands calices
    Et que la douce mer baise avec des sanglots,
    Dans l'île fortunée, enchantement des flots,
    Le divin Iacchos apporte ses délices.

    Entouré des lions, des panthères, des lices,
    Le Dieu songe, les yeux voilés et...

  • Mon bon ami, poëte aux longs cheveux,
    Joueur de flûte à l'humeur vagabonde,
    Pour l'an qui vient je t'adresse mes voeux :
    Enivre-toi, dans une paix profonde,
    Du vin sanglant et de la beauté blonde.
    Comme à Noël, pour faire réveillon
    Près du foyer en flamme, où le...

  • À Edmond Morin.

    Dans le parc au noble dessin
    Où s'égarent les Cidalises
    Parmi les fontaines surprises
    Dans le marbre du clair bassin,

    Iris, que suit un jeune essaim,
    Philis, Églé, nymphes éprises,
    Avec leurs plumes indécises,
    En manteau court,...

  • Du temps que j'en étais épris,
    Les lauriers valaient bien leur prix.
    A coup sûr on n'est pas un rustre
    Le jour où l'on voit imprimés
    Les poëmes qu'on a rimés :
    Heureux qui peut se dire illustre !

    Moi-même un instant je le fus.
    J'ai comme un souvenir...