Une seule âme est plus que l’univers entier :
Si ce livre aide une âme, en son essor altier ;
S’il l’aide en son attrait, l’éclairé et l’encourage ;
S’il l’arrache du monde et sauve du naufrage ;
Et si, dans son élan vers la perfection,
Elle y trouve une échelle à son ascension :
Ah ! béni soit l’Esprit qui l’a dicté, ce livre ;
J’ai fait une...
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Lorsque je serai mort, oh ! je vous en convie,
Si vous vous rappelez une heure de ma vie,
Amis, où d’amitié j’aie oublié la loi,
Oubliez-moi,Mais si quelqu’un de vous, entonnant ma louange,
Dit : Il n’est plus, l’ami, dont la parole étrange
Parfois pour consoler avait des mots si doux,
Souvenez-vous.Si l’...
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LE VIEUX MONDE
O flot, c'est bien. Descends maintenant. Il le faut.
Jamais ton flux encor n'était monté si haut.
Mais pourquoi donc es-tu si sombre et si farouche ?
Pourquoi ton gouffre a-t-il un cri comme une bouche ?
Pourquoi cette pluie âpre, et cette ombre, et ces bruits,
Et ce vent noir soufflant dans le clairon des nuits ?
Ta vague monte avec... -
Elle passe, tranquille, en un rêve divin,
Sur le bord du plus frais de tes lacs, ô Norvège !
Le sang rose et subtil qui dore son col fin
Est doux comme un rayon de l’aube sur la neige.Au murmure indécis du frêne et du bouleau,
Dans l’... -
Comme autrefois Jésus, que l'archange accompagne
Au sommet lumineux de la sainte montagne,
Et qui, pâle, entrevoit de ses yeux effrayés
La terre immense et sombre étendue à ses piés ;
Pareil au sable vil qui monte de l'arène
Jusques aux pics neigeux où l'ouragan l'entraîne,
Je contemplais, l'œil morne et le coeur irrité,
L'espace ou l'homme vit... -
Un soir favorisé de colombes sublimes,
La pucelle doucement se peigne au soleil.
Aux nénuphars de l’onde elle donne un orteil
Ultime, et pour tiédir ses froides mains errantes
Parfois trempe au couchant leurs roses transparentes.
Tantôt, si d’une ondée innocente, sa peau
Frissonne, c’est le dire absurde d’un pipeau,
Flûte dont le...
ILe pied de la nuit brune au front des tours se pose.
L’émir dans son harem, sur le divan repose ;
Dans des vases d’or pur, placide et souriant,
Il regarde brûler les parfums d’Orient.Un vieil eunuque noir, dans sa coupe qui fume,
D’un savoureux moka lui verse l’amertume.
On nourrit le foyer de cèdre et de sandal ;
Et, sur le dos d’un...
Quand on aura fermé ma bière
Comme ma bouche et ma paupière,
Que l’on inscrive sur ma pierre :
― « Ci-gît le roi du mauvais sort.
« Ce fou dont le cadavre dort
« L’affreux sommeil de la matière,
« Frémit pendant sa vie entière
« Et ne songea qu’au cimetière.
« Jour et nuit, par toute la terre,
« Il traîna son cœur solitaire
« ...
Ci gist un petit garçonnet
Qui mourut par les mains cruelles
De deux mechantes demoiselles
Sur le chemin de Bagnolet.Mais son trepas fut glorieux
Autant que sa mort fut cruelle,
Puisqu’il mourut devant les yeux
De la princesse la plus belle
Qui fust jamais dessous les cieux.