Théophile Dondey dit Philothée O'Neddy

  • Nécropolis

    Sur la terre on est mal : sous la terre on est bien.
    (PETRUS BOREL)


    I

    Voici ce qu'un jeune squelette
    Me dit les bras croisés, debout, dans son linceul,
    Bien avant l'aube violette,
    Dans le grand cimetière où je passais tout...

  • Dandysme

    I

    C'est l'heure symphonique où, parmi les ramures,
    Roulent du rossignol les tendres fioritures ;
    L'heure voluptueuse où le coeur des amants,
    Au seuil du rendez-vous, double ses battements.
    Des murmures du soir les merveilles suaves
    D'...

  • Rodomontade

    Il était appuyé contre l'arche massive
    De ce vieux pont romain, dont la base lascive
    S'use aux attouchements des flots :
    L'astre des nuits lustrait son visage Dantesque,
    Et le Nord dérangeait son manteau gigantesque
    Avec de sauvages sanglots....

  • Névralgie

    I

    Jusques à mon chevet me poursuit mon idée
    Fixe : toutes les nuits j'en ai l'âme obsédée.
    Pour noyer au sommeil ce démon flétrissant,
    Des sucs de l'opium le charme est impuissant.
    Au seuil de mon oreille, une voix sourde et basse
    ...

  •  
    I

    Désireux que j’étais d’un songe bien morose,
    J’avais pris, l’autre soir, une assez forte dose :
    D’opium. — Et d’abord, je vis un tournoiement
    De grandes masses d’ombre… un bizarre ondoiement

    De nuages moirés et fantasmagoriques,
    De profils...

  • Je rêvais, l’autre nuit, qu’aux splendeurs des orages,
    Sur le parquet mouvant d’un salon de nuages,
    De terreur et d’amour puissamment tourmenté,
    Avec une lascive et svelte Bohémienne,

            Dans une valse aérienne,
            Ivre et fou, j’étais emporté.

    ...

  •  
    Oh ! combien de mes jours le cercle monotone
    Effare ma pensée et d’ennuis la couronne !
    Que faire de mon âme et de ses saints transports,
    Dans cet air étouffant qui pèse sur la ville,

    Au milieu d’une foule insouciante et vile,
    Où dort l’enthousiasme, où...

  •  
    Il était appuyé contre l’arche massive
    De ce vieux pont romain, dont la base lascive
            S’use aux attouchements des flots :
    L’astre des nuits lustrait son visage Dantesque,

    Et le Nord dérangeait son manteau gigantesque
            Avec de sauvages sanglots...

  • Pour un peintre moderne, à cette heure de lune,
    Ce serait, sur mon âme, une bonne fortune
    De pouvoir contempler avec recueillement
    La scène radieuse au sombre encadrement,

    Que le jeune atelier de Jehan, le statuaire,
    Cache dans son magique et profond sanctuaire !...

  •  
    I

    Oh ! crois toujours en moi !… que jamais, dans ta route,
    Le sphinx pernicieux qu’on appelle le Doute
              Ne rampe à ton côté !
    Crois toujours qu’adorée en son Delta de flamme,

    Ton âme gardera le sceptre de mon âme
              Toute une éternité...