Le Passé, c’est un cher enseveli qu’on pleure
Que nous aimons surtout maintenant qu’il est mort,
Et qui nous fait songer, à travers un remords,
Au temps où nous vivions dans la même demeure.
Vers l’azur où s’en vont les âmes des oiseaux,
Vers l’azur a monté sa jeune âme immortelle !
Il est dans son cercueil de soie et de dentelle
Dans son...
Longuement poursuivi par le spleen détesté,
Quand je vais dans les champs, par les beaux soirs d’été.
Au grand air rafraîchir mes tempes,
Je ris de voir, le long des bois, les fiancés
Cheminer lentement, deux par deux, enlacés
...
Parfois à mon Passé je vais dire à l’oreille :
« Je ne suis pas heureux, parlons des premiers jours. »
Et le dormeur couché que ma prière éveille
Se dresse avec lenteur en frottant ses yeux lourds.
Puis joyeux, rajustant ses printaniers atours,
Encore un peu lassé des fêtes de la veille,
Il vole, et me conduit de merveille en merveille
Sous...
I. Sur le Mode majeur
Toi qui m’as oubliée aujourd’hui, qui fus mienne
Cependant, viens dans la maison aérienne
Du songe et du passé.
Il y demeure un soir doux au regard lassé.
Les chambres aux plafonds creusés comme les dômes
S’y peuplent de fantômes.
J’y retrouve là-bas des livres oubliés...
XVI
C’était un grand château du temps de Louis treize.
Le couchant rougissait ce palais oublié.
Chaque fenêtre au loin, transformée en fournaise,
Avait perdu sa forme et n’était plus que braise.
Le toit disparaissait dans les rayons...
SUR l’amant et sur la maîtresse,
L’Aube épanche un jour enchanté,
Et le temps semble à leur ivresse
Le seuil d’or d’une éternité.
Et le premier frisson des brises,
Baisant leurs fronts silencieux,
Emporte leurs âmes surprises,
D’une aile égale vers les cieux !
Plus haut que le vol des colombes
Et le dernier parfum des fleurs,...
Avec des mains de haine et de colère, Amour !
J’ai rompu rudement à mon genou farouche
Le beau cep qui porta la grappe dont toujours
Le goût voluptueux se ravive à ma bouche ;
Et j’ai fait, tout ce jour, des treilles de ma vie
Brûler le sarment sec et la feuille séchée
Pour qu’il n’en reste au soir que la cendre et la suie
Qui demeurent après...
Passé, matins riants, bienheureuses années,
Candeurs des jours éteints, illusions fanées,
Ah ! pour vous ressaisir, vous que nous pleurons tant,
Ah ! qui donc ne voudrait redevenir enfant !
Comme ils sont loin déjà, les jours de mon enfance !
La vie en moi s’ouvrait dans sa fleur d’innocence ;
De mon être imprégné d’odorante fraîcheur
Un parfum...
Déjà ils se lèvent, déjà ils se raniment : je revois mes amis
éteints ; ils sont assemblés dans Lora, comme ils l’étaient dans un
autre temps.... O mes amis, que vous êtes changés !...
OSSIAN.
Verts gazons où fleurit la blanche marguerite,
Ombrage qu’au printemps la violette habite,
Vallons, bocage, humble sentier,
Dont la...