I. Sur le Mode majeur
Toi qui m’as oubliée aujourd’hui, qui fus mienne
Cependant, viens dans la maison aérienne
Du songe et du passé.
Il y demeure un soir doux au regard lassé.
Les chambres aux plafonds creusés comme les dômes
S’y peuplent de fantômes.
J’y retrouve là-bas des livres oubliés
Les sachets odorants encore et les colliers,
Les choses familières.
Je ne sais quoi de triste obscurcit les lumières
Pourtant… Et dans l’air traîne en funèbre parfum,
Car on attend quelqu’un.
Reviens dans la maison du passé, mon amie !
Cette chambre, qui fut si longtemps endormie,
S’éveillera pour toi.
Et l’on n’y reconnaît que ton ordre, ta loi
Que nul ne contredit et que nul ne transgresse,
Mon maître et ma maîtresse !
Reconnais ton odeur d’ambre mêlé d’iris.
Toute chose dans la demeure de jadis
Porte la chère empreinte…
Le foyer s’est éteint, la lampe s’est éteinte
Dans la chambre sans fleurs où je t’ouvre les bras,
Toi qui ne viendra pas !
II. Sur le Mode mineur
Miraculeusement, te voici revenue,
En cherchant, à travers la bleuâtre avenue,
La maison du passé.
Entre dans la maison chère au désir lassé
Et vois, sous les plafonds creusés comme des dômes,
Son peuple de fantômes.
Rentre dans la maison qui t’accueille, où j’attends…
Rien n’est changé, sauf les tons d’or moins éclatants
Et les roses fanées.
Et me voici, pareille à travers les années
Pour t’accueillir, en ce dur instant de retour
Avec le même amour.