Scènes du Passé

 
Déjà ils se lèvent, déjà ils se raniment : je revois mes amis
éteints ; ils sont assemblés dans Lora, comme ils l’étaient dans un
autre temps.... O mes amis, que vous êtes changés !...
OSSIAN.

Verts gazons où fleurit la blanche marguerite,
Ombrage qu’au printemps la violette habite,
Vallons, bocage, humble sentier,
Dont la mousse reçoit cette pluie argentine
Qui tombe au gré des vents du front de l’aubépine
Ou des rameaux de l’églantier.

Prés dont mes jeunes pas foulaient l’herbe penchée,
Bosquets d’arbustes verts, où la source cachée
Jaillit loin des yeux du passant,
Où la brise d’avril, d’une aile printanière,
M’apportait en fuyant à travers la clairière,
L’odeur du feuillage naissant ;

Bords féconds et chéris, frais et riant théâtre,
Où, la lyre à la main, ma jeunesse folâtre
Ouvrit le drame de mes jours,
Parfois quand du sommeil mes nuits sont délaissées
Votre image s’éveille, et des scènes passées
Je crois recommencer le cours.
 
Je revois tour à tour la penchante colline
Dont l’invisible écho de ma voix enfantine
A répété les premiers airs ;
Cet enclos ombragé cher aux plaisirs rustiques ;
Et de ceux que j’aimais les ombres fantastiques
Peuplent encor ses bancs déserts.

Voici la blanche église et l’autel de Marie,
Et tous ces lieux alors chers à ma rêverie,
Où j’ai chanté, prié, souffert ;
Car mes beaux jours, hélas ! n’étaient pas sans nuage,
Et plus d’un sombre aspect, avec leur douce image,
A mon souvenir s’est offert.

Pourtant le cœur fidèle à ces jours d’espérance,
De leurs momens de joie et même de souffrance
Ne veut rien livrer à l’oubli :
Des maux qui ne sont plus l’amertume s’efface,
Et quand la main du temps en adoucit la trace,
Le malheur est presque embelli.

Ainsi, durant le cours d’un rapide voyage,
Chaque site en fuyant, ou fertile, ou sauvage,
D’attraits nouveaux semble paré ;
Et les monts qu’au matin on gravit avec peine,
Le soir charment nos yeux, quand la vapeur lointaine
Y jette son voile azuré.

Collection: 
1818

More from Poet

  •  
    It is a place full of
    Storied and poetical associations...
    WASHINGTON IRWING.

    Vieux château de Windsor, dont les pierres gothiques
    Éveillent d’Albion les harpes romantiques,
    Livre au barde étranger quelque grand souvenir,
    Qu’il puisse...

  •  
    Zéphire seul doit caresser les fleurs.
    PARNY.

     

    Le jour paraît, Zéphir s’éveille,
    Abandonne le sein des fleurs,
    Où, s’enivrant de leurs odeurs ;
    Il sommeillait depuis la veille.
    Sur son aile il porta cent fois
    Aux Dieux l’...

  •  
    Chantez au Seigneur un nouveau cantique, car un petit enfant
    nous est né, un fils nous a été donné.
    Messe de Minuit.

    Entre mes doigts guide ce lin docile,
    Pour mon enfant tourne, léger fuseau ;
    Seul tu soutiens sa vie encor débile,...

  •  
    It is a place full of
    Storied and poetical associations...
    WASHINGTON IRWING.

    RÉCITATIF.

    Dieu des beaux-arts, père de l’harmonie,
    Vois régner en ces lieux la guerre et ses fureurs !
    Tu m’abandonnes !... dans les pleurs
    S’éteint...

  •  
    And the tear that we shed, tho’ in secret it rolls,
    Shall long keep his memory green in our souls.
    TH. MOORE.

    Et les larmes que nous versons, quoiqu’elles coulent en secret,
    entretiendront long-temps sa mémoire vivante dans nos âmes.

    ...