[201]
 XX.
 Enfant Perdu.

Verlor’ner Posten in dem Freiheitskriege,
Hielt ich seit dreißig Jahren treulich aus....

On fouille à chaque fin d’année
Parmi les cendres de son cœur,
Cherchant après toute flambée
Les vaines traces du bonheur.

Chaque jour, depuis notre enfance,
Marqué d’un caillou blanc ou noir,
Reflète en nous la survivance
Des mots d’amour, des mots d’...

 
À F. Daubigny.

Je sais une vallée au fond des bois paisibles
Où la mousse déroule un tapis de velours ;
De parfums enivrés par des fleurs invisibles,
Les ramiers à mi-voix s’y content leurs amours.

Des grands hêtres touffus le dôme séculaire
...

Quand on rentre, le soir, par la cité déserte,
Regardant sur la boue humide, grasse et verte,
Les longs sillons du gaz tous les jours moins nombreux,
Souvent un chien perdu, tout crotté, morne, affreux,
Un vrai chien de faubourg, que son trop pauvre maître
Chassa d’...

 
Quelqu’un m’est apparu très loin dans le passé :
C’était un ouvrier des hautes Pyramides,
Adolescent perdu dans ces foules timides
Qu’écrasait le granit pour Chéops entassé.

Or ses genoux tremblaient ; il pliait, harassé
Sous la pierre, surcroît au poids...

Des nuits du blond et de la brune
Rien dans la chambre n’est resté,[3]
Pas une dentelle d’été
Pas une cravate commune.

Rien sur le balcon où le thé...

 

Qu’elle me plaît, en son costume antique,
Cette beauté, blanche sur un fond noir,
Rêve d’amour qu’un pinceau poétique
Cache à demi, pour mieux la faire voir !

On n’aperçoit de toute la figure
Qu’un bras superbe et qu’un profil perdu ;
Mais si...

 
Sur la montagne étrange et sombre
Il est un sentier attrayant,
Que l’on voit serpenter dans l’ombre
Sous le feuillage verdoyant ;

Les pins aux aiguilles légères
Lui font un dôme immense et frais ;
Sur ses bords croissent les fougères,
Ces...

 
Si peu d’œuvres pour tant de fatigue et d’ennui !
De stériles soucis notre journée est pleine :
Leur meute sans pitié nous chasse à perdre haleine,
Nous pousse, nous dévore, et l’heure utile a fui…

« Demain ! J’irai demain voir ce pauvre chez lui,
« Demain...

J’ai, quelque jour, dans l’Océan,
(mais je ne sais plus sous quels cieux),
Jeté, comme offrande au néant,
Tout un peu de vin précieux...

Qui voulut ta perte, ô liqueur ?
J’obéis peut-être au devin ?
Peut-être au souci de mon cœur,
...

Poet: Paul Valéry