André Lemoyne

  • À Léo Joubert.

    Là-bas, vers l'horizon du frais pays herbeux
    Où la rivière, lente et comme désoeuvrée,
    Laisse boire à son gué de longs troupeaux de boeufs,
    Une grande bataille autrefois fut livrée.

    C'était, comme aujourd'hui, par un ciel de printemps.
    ...

  • À Mademoiselle Marguerite Coutanseau.

    La neige tombe en paix sur Paris qui sommeille,
    De sa robe d'hiver à minuit s'affublant.
    Quand la ville surprise au grand jour se réveille,
    Fins clochers, dômes ronds, palais vieux, tout est blanc.

    Moins rudes sont les...

  •  
    Il est de noirs îlots, battus par la tempête,
    Qui n’ont pas d’arbre vert, qui n’ont pas une fleur.
    Sur des pics désolés souffle un vent de malheur.
    Là, pour faire son nid, pas d’oiseau qui s’arrête.
    La mer, rien que la mer, et sa grande rumeur...

    Le froid...

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    À M. Alfred Guérard.

    Le désœuvré qui flâne aux ventes de l’encan
    Voit encore exhiber de ces vieilles guitares
    Qui chantèrent l’amour autrefois... Dieu sait quand !...
    Les chevilles s’en vont et les cordes sont rares.

    On aperçoit le cuivre aux...

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    I

    Le sourire est en fleur sur les lèvres des belles,
    Dans la saison d’avril et des robes nouvelles.—
    Salut, ô rubans clairs, guimpes et cols brodés,
    Bonnets aériens !… toute la panoplie
    Révélant le bon goût d’une femme accomplie...

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    À Laurent Pichat.

    Non loin de Notre-Dame, un soir du moyen âge,
    Deux voyageurs, vêtus d’un costume étranger.
    Demandaient, pour la nuit, qu’on les pût héberger ; —
    L’un jeune, l’autre vieux, — las d’un rude voyage.

    L’hôtelier hur jeta son méfiant...

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    I

    Le prêtre avait béni l’enfant qu’on enterrait… —
    Trois vieilles sœurs buvaient au fond d’un cabaret.

    Depuis dix ans les sœurs ne s’étaient rencontrées
    Qu’une fois ; les soleils de Paris sont trop courts :
    On se voit quand on...

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    À M. G. Morel.

    LE MARIN

    Étoile du marin, si haute dans les cieux,
    Toi, douce à contempler comme un regard de femme,
    Vois-tu le cher pays que toujours voit mon âme,
    Et que depuis longtemps n’ont pas revu mes yeux ?

    Là, de sa voix d’argent,...


  • ...

  •  
    Au coucher du soleil, toute la forêt semble
    Dans le recueillement : touffes de chênes roux,
    Petits genévriers, maigres buissons de houx,
    N’ont pas dans la lumière une feuille qui tremble.

    On n’entend qu’un oiseau, travailleur attardé,
    Dans le canton...