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        Toi qui hantes mes nuits cruelles, ô Démon !
        Qui vient ouvrir sur moi tes prunelles hagardes
        Et qui te tiens debout dans la chambre et regardes,
        Emporte-moi sur tes ailes de goémon !

        Tu règnes sur mon cœur implacable et suprême !
        Que le vent de la mer nous emporte tous deux
        Dans le divin mépris des courants hasardeux,...

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    Hier, enfant, tu m'as dit d'une voix inquiète,
    Souriant et boudant, te penchant dans mes bras :
    « Toi qui chantes pour tous, infidèle poète,
    « Sur nos jeunes amours ne chanteras-tu pas ?

    « Tu fais métier d'écrire et sèmes ta parole.
    « Dis ? que ne m'offres-tu ces bouquets que ta main
    « Effeuille sur la route, insouciante et folle.
    « Je veux...

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    Toi que la vie à peine effleure de son aile ;
    Toi qui de l’innocence, au fond de ta prunelle,
    Gardes encor l’éclat vermeil ; —
    Enfant ! toi dont les jours sont pleins de douces choses,
    Et qui ne vois, la nuit, que des chimères roses
    Qui se penchent sur ton sommeil !

    Toi qui goûtes encor les tendresses sans nombre
    De celle devant qui s’...

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    L’Océan à mes pieds déroulant l’étendue,
    Dans l’ambiant azur la lune suspendue
    Répandant sur les flots sa tremblante clarté,
    Contre les rochers noirs la houle bondissante,
    Dans l’infini de l’air une ombre blanchissante
           Flottant sous un ciel argenté ;

    Sur le sable amolli par les baisers de l’onde
    Les lames déployant leur nappe vagabonde...

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    Comme l'oiseau qui craint l'hiver et les orages,
    Pour de plus doux climats déserte nos rivages
    Quand il voit s'envoler la saison des beaux jours ;
    Suivant dans tes avis l'avis de la sagesse,
    Dans ce monde incertain ma docile jeunesse
    A voulu prendre un autre cours.

    Mais avec la craintive et prudente hirondelle,
    Mon frère, je n'ai pu par un vol...

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    Peu de gens savent être vieux.
    (La Rochefoucauld)

    Une vie honorable est une vie éternelle.
    (Goethe)

     
    Déjà l’hiver s’approche et son souffle humide
    Vient augmenter encor vos cruelles douleurs ;
    Déjà ma muse aussi, languissante et timide,
    De sa fraîche couronne a vu pâlir les...

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    O mon père, soldat obscur, âme angélique !
    Juste qui vois le mal d'un oeil mélancolique,
    Sois béni ! je te dois ma haine et mon mépris
    Pour tous les vils trésors dont le monde est épris.
    Oh ! tandis que je vais fouillant l'ombre éternelle,
    Si la Muse une fois me touchait de son aile !
    Si ses mains avaient pris plaisir à marier
    Sur mon front...

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    I

    Quand j’eus pris pour devoir la sainte Poésie,
    Effrayé de ma tâche après l’avoir choisie,
    J’hésitai, m’accusant d’obéir à l’orgueil...
    Un bras plus fort que moi m’a fait franchir le seuil.
    Alors, pour me donner le courage et l’exemple,
    J’ai gravé votre nom sur la base du temple,
    O mon père ! et je veux qu’à son couronnement,
    L’œuvre,...

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    Depuis que l’on me vit en pleurs parmi des marbres,
    Dans l’ombre des caveaux et l’ombre des cyprès,
    Cinq fois le vent d’automne a dépouillé les arbres,
    La neige a blanchi les forêts.

    Cinq fois le doux printemps a réchauffé la pierre
    Et rendu chants et joie au bosquet endormi,
    Depuis que tu fermas à jamais ta paupière,
    O mon père ! ô mon guide...