• Souvent un grand désir de choses inconnues,
    D’enlever mon essor aussi haut que les nues,
    De ressaisir dans l’air des sons évanouis,
    D’entendre, de chanter mille chants inouïs,
    Me prend à mon réveil ; et voilà ma pensée
    Qui, soudain rejetant l’étude commencée,
    Et du grave travail, la veille interrompu,
    Détournant le regard comme un enfant repu,
    ...

  •  
    Le soleil qui descend sous la vague profonde
    A rougi l'occident que sa lumière inonde.
    Le ciel étend sur moi son pavillon d'azur ;
    La vague en réfléchit l'éclat profond et pur,
    Et la nuit, déroulant ses ombres et ses voiles,
    Et posant sur son front sa couronne d'étoiles,
    Répand à mes côtés ses feux mystérieux
    Et poursuit dans les airs son cours...

  • La calme meinte-fois fort longuement arreste
    Les matelots en mer, au contraire le vent
    Halenant à souhait les ameine souvent
    Au port avant le tems libre de la tempeste.

    Ainsi la vie humaine à la haste nous jette
    Au lieu où peu à peu nous allions arrivant,
    Quelquefois plus long tems elle nous va suivant
    Et sur un long chemin nous tourmente et nous...

  •  

             LES tics-tacs hâtifs des pendules
             Se répondent dans la maison
    Tranquille, où par la vitre entre le crépuscule,
             Naissant, là-bas, à l’horizon.

             Le silence s’aggrave d’ombre,
             L’intimité s’approfondit
    De tout le charme triste et doux que la pénombre
             Avec mystère répandit.

             ...

  • Au détour d’un chemin venu des pics déserts
    Où gronde sans répit le bruit des avalanches,
    On découvre un joyeux bourg, dont les maisons blanches
    Baignent languissamment dans un lac aux flots clairs.

    Le cœur s’épanouit quand sort des rameaux verts
    Ce bourg où tous les jours sont pareils aux dimanches,
    Et l’on voudrait alors s’y blottir sous les branches...

  • Déserts où j'ai vécu dans un calme si doux,
    Pins qui d'un si beau vert couvrez mon ermitage,
    La cour depuis un an me sépare de vous,
    Mais elle ne saurait m'arrêter davantage.

    La vertu la plus nette y fait des ennemis ;
    Les palais y sont pleins d'orgueil et d'ignorance ;
    Je suis las d'y souffrir, et honteux d'avoir mis
    Dans ma tête chenue une vaine...

  • Le sage aime la paix et la douceur des plantes,
    Leurs regards féminins et leur sérénité,
    Et le sage aime aussi les bêtes nonchalantes
    Qui dorment près de lui dans l'immobilité.

    Le soir, quand il succombe au lourd poids de la vie,
    Qu'il est las de penser et de rêver toujours,
    Il va parmi les bois, et sa tristesse envie
    Les fleurs qui vont s'ouvrir à de...

  • Souvent un grand désir de choses inconnues,
    D'enlever mon essor aussi haut que les nues,
    De ressaisir dans l'air des sons évanouis,
    D'entendre, de chanter mille chants inouïs,
    Me prend à mon réveil ; et voilà ma pensée
    Qui, soudain rejetant l'étude commencée,
    Et du grave travail, la veille interrompu,
    Détournant le regard comme un enfant repu,
    ...

  • Vous êtes calme, vous voulez un voeu discret,
    Des secrets à mi-voix dans l'ombre et le silence,
    Le coeur qui se répand plutôt qu'il ne s'élance,
    Et ces timides, moins transis qu'il ne paraît.

    Vous accueillez d'un geste exquis telles pensées
    Qui ne marchent qu'en ordre et font le moins de bruit.
    Votre main, toujours prête à la chute du fruit,
    ...

  • Gaspard Hauser chante :

    Je suis venu, calme orphelin,
    Riche de mes seuls yeux tranquilles,
    Vers les hommes des grandes villes :
    Ils ne m'ont pas trouvé malin.

    A vingt ans un trouble nouveau
    Sous le nom d'amoureuses flammes
    M'a fait trouver belles les femmes :
    Elles ne m'ont pas trouvé beau.

    Bien que sans patrie et sans roi
    Et...