L’Heure calme

 

         LES tics-tacs hâtifs des pendules
         Se répondent dans la maison
Tranquille, où par la vitre entre le crépuscule,
         Naissant, là-bas, à l’horizon.

         Le silence s’aggrave d’ombre,
         L’intimité s’approfondit
De tout le charme triste et doux que la pénombre
         Avec mystère répandit.

         

         C’est l’heure où le sang bat aux tempes
         Plus lent, où le rêve descend,
Où volontiers l’on tarde à rallumer les lampes
         Dans le soir peu à peu croissant ;

         L’heure de solitude calme,
Où quelque dieu tendre aux humains
         Semble nous éventer le cœur avec sa palme
         Fraîche, en ses invisibles mains ;

         Tandis que meurt le crépuscule
Noyé de soir à l’horizon,
         Que les tics-tacs hâtifs des sonores pendules
         S’interpellent dans la maison…

Collection: 
1898

More from Poet

Dans le vent qui les tord les érables se plaignent,
Et j'en sais un, là-bas, dont tous les rameaux saignent !

Il est dans la montagne, auprès d'un chêne vieux,
Sur le bord d'un chemin sombre et silencieux.

L'écarlate s'épand et le rubis s'écoule
De sa large ramure...

 

DANS l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
Les nuages, pareils à de légers bateaux,
Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
Avec la majesté des cygnes sur les eaux.

Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde bleue ;
...

 

LES Visions du soir passent, comme des vierges
En fins souliers d’azur, en robes de lin blanc,
Et leurs doigts délicats sont étoilés de cierges
Dont le feu pâle est sous l’haleine vacillant.

Les Visions du soir, cortèges angéliques,
Chantent, dans la...

 

J’IMPROVISE ces vers mystérieux pour une
Qui rayonne de grâce et de blanche beauté,
Dont le regard semble un crépuscule d’été
Qui se meurt lentement par un lever de lune.

Je ne sais pas pourquoi je lui donne ces vers.
Je vois dans ma pensée éclore son...

 

AUX feux de mon esprit qui s’allume dans l’ombre,
Je me regarde vivre avec étonnement :
Une fierté triomphe en ma stature sombre,
Et je suis comme un roi promis au firmament !

J’ai des chants de victoire au cœur, je me célèbre !
Comme autrefois David...