François Maynard

  • Mon âme, il faut partir. Ma vigueur est passée,
    Mon dernier jour est dessus l'horizon.
    Tu crains ta liberté. Quoi ! n'es-tu pas lassée
    D'avoir souffert soixante ans de prison ?

    Tes désordres sont grands ; tes vertus sont petites ;
    Parmi tes maux on trouve peu de...

  • Il est vray. Je le sçay. Mes Vers sont mesprisez.
    Leur cadence a choqué les Galans et les Belles,
    Graces à la bonté des Orateurs frisez,
    Dont le faux sentiment regne dans les Ruelles.

    Ils s'efforcent en vain de ravaler mon prix ;
    Et malgré leur malice, aussi...

  • Il n'est homme en l'Univers
    Qui ne me couvre de blâme,
    S'il estime que mes Vers
    Soyent l'image de mon Ame.

    Ils appellent le blanc, blanc.
    Leur langage net et franc
    Fait la figue à la contrainte.

    Je l'advoüe. Il est certain,
    Ma plume est une...

  • Quand doi-je quitter les rochers
    Du petit Desert qui me cache,
    Pour aller revoir les clochers
    De Saint Pol, et de Saint Eustache ?

    Paris est sans comparaison ;
    Il n'est plaisir dont il n'abonde ;
    Chacun y trouve sa maison.
    C'est le païs de tout le...

  • Que j'aime ces forêts ! que j'y vis doucement !
    Qu'en un siècle troublé j'y dors en assurance !
    Qu'au déclin de mes ans j'y rêve heureusement !
    Et que j'y fais des vers qui plairont à la France !

    Depuis que le village est toutes mes amours,
    Je remplis mon...

  • Cache ton corps soubs un habit funeste ;
    Ton lict, Margot, a perdu ses chalans,
    Et tu n'es plus qu'un miserable reste
    Du premier siecle, et des premiers Galans.

    Il est certain que tu vins sur la terre
    Avant que Rome eût détroné ses Rois
    Et que tes yeux...

  • Ton Mary paroist plus vieux
    Que les murailles de Rome ;
    Et tu dis qu'il te sert mieux
    Que ne feroit un jeune homme.

    Lisette, je n'en croy rien.
    Seme ailleurs tes artifices :
    Tu mens pour m'oster le bien
    Que tu dois à mes services.

    L'Avant...

  • Cloris, que dans mon temps j'ai si longtemps servie
    Et que ma passion montre à tout l'univers,
    Ne veux-tu pas changer le destin de ma vie
    Et donner de beaux jours à mes derniers hivers ?

    N'oppose plus ton deuil au bonheur où j'aspire.
    Ton visage est-il fait...

  • Alcippe, reviens dans nos bois.
    Tu n'as que trop suivi les rois,
    Et l'infidèle espoir dont tu fais ton idole.
    Quelque bonheur qui seconde tes voeux,
    Ils n'arrêteront pas le temps qui toujours vole
    Et qui d'un triste blanc va peindre tes cheveux.

    La Cour...

  • La plus-part de mes Partisans
    Disent que ma paresse est grande,
    Et que je laisse en mes vieux ans
    Seicher les fleurs de ma guirlande.

    Je me tais et voudrois changer
    Le nom que Parnasse me donne
    Avecque celui d'un Berger
    Qui ne fut connu de personne...