•  
    Nevermore ! nevermore !
    Jamais plus ! jamais plus !
    (Edgar Poe. Chant du Corbeau)

    Si tu l’avais voulu, mon amour eût fleuri,
    Beau vignoble au soleil sur les grands monts nourri ;
    Toi seule avec ta main, rivale de l’abeille,
    Eûsses de grappes d’or enrichi ta corbeille.
    Si tu l’avais voulu, mon amour eût...

  • Par les ombres du crépuscule
    Et sous la lune de minuit,
    Qu’elle tristesse au fond du bruit
    Que la campagne inarticule,
    Et comme alors il vous poursuit
    De la ravine au monticule,
    Ce râle exhalé par l’ennui
    Des tourterelles !

    L’arbre s’effare et gesticule...

  • Connaissez-vous la blanche tombe
    Où flotte avec un son plaintif
            L’ombre d’un if ?
    Sur l’if, une pâle colombe,
    Triste et seule, au soleil couchant,
            Chante son chant :

    Un air maladivement tendre,
    À la fois charmant et fatal,
            Qui vous fait mal,
    Et qu’on voudrait toujours entendre ;
    Un air, comme en soupire aux...

  •         Ma belle amie est morte :
            Je pleurerai toujours ;
            Sous la tombe elle emporte
            Mon âme et mes amours.
            Dans le ciel, sans m’attendre,
            Elle s’en retourna ;
            L’ange qui l’emmena
            Ne voulut pas me prendre.
            Que mon sort est amer !
    Ah ! sans amour, s’en aller sur la mer !

    ...
  • Par la chaîne d’or des étoiles vives
    La Lampe du ciel pend du sombre azur
    Sur l’immense mer, les monts et les rives.
    Dans la molle paix de l’air tiède et pur.
    Bercée au soupir des houles pensives,
    La Lampe du ciel pend du sombre azur...

  •  
    I

    La lampe enfin est allumée
    Sous l’abat-jour de tulle ;
    C’est une renoncule
    Qui est née ;
    C’est quelque étrange fleur
    Aux changeantes couleurs
    Dans la chambre qui en est tout enluminée.

    Ô ce sourire de lumière,
    Ce mystère du feu,
    Cette nativité dans du verre !

    Est-ce une étoile soufre et bleue ?
    Est-ce un...

  • Lancan folhon bosc e jarric,
    E.lh flors pareis e.lh verdura
    Pels vergers e pels pratz,
    E.lh auzel, c’an estat enic,
    Son gai desotz los folhatz,
    Autresi.m chant e m’esbaudei
    E reflorisc e reverdei
    E folh segon ma natura.

    Ges d’un’ amor no.m tolh ni.m gic,
    Don sui en bon’ aventura
    Segon mon esper entratz,
    Car sui tengutz per fin...

  • Lancan vei per mei la landa
    dels arbres chazer la fòlha,
    ans que.lh frejura s’espanda
    ni.l gens termini s’esconda,
    m’es bel que si’ auzitz mos chans,
    qu’estat n’ aurai mais de dos ans,
    e cové que.n fass’ esmenda.

    Mout m’es greu que ja reblanda
    celeis que vas me s’orgòlha
    car si mos cors re.lh demanda,
    no.lh platz que mot m’i responda...

  •  
    Ludwig, qu'on appelait le Landgrave de fer,
    Ayant chassé les loups sous la bise d'hiver,
    Errait, le soir tombant, dans une étroite gorge.
    Il vit luire à cent pas la vitre d'une forge,
    Courut, poussa la porte, et dit au forgeron :
    « Mon cheval éventré d'un seul coup d'éperon
    Se débat, tout sanglant, dans la bruyère rouge ;
    Je suis las ; loge-moi...

  • J'aime le temps des fleurs, des fleurs fraiches écloses,
    Rougissant de pudeur sous les baisers de mai,
    Et qui parent la terre en ses métamorphoses
    D'un bandeau virginal et d'un voile embaumé.

    Oh ! les riants secrets ! Oh ! les divines choses
    Que murmure tout bas chaque calice aimé,
    Quand, sur le sein des lis, des jasmins et des roses,
    Les sylphes...