Catulle Mendès

  • Bien qu'il ait l'âme sans rancune,
    Pierrot dit en serrant le poing :
    " Mais, sacrebleu, je n'ai nul point
    De ressemblance avec la lune !

    " Ô faux sosie aérien !
    Mon nez s'effile, elle est camuse ;
    Elle a l'air triste ! Je m'amuse
    De tout, un peu,...

  • à cause du souvenir de sa première chanson d'amour


    J'ai chanté comme Chérubin
    Pour les beaux yeux de ma marraine !
    Plus heureux qu'un page de reine
    En mon émoi de coquebin,

    N'espérant, ingénu bambin,
    Que d'être frôlé de sa traîne,
    J'ai chanté...

  • L'orageux crépuscule oppresse au loin la mer
    Et les noirs sapins. L'ombre, hélas ! revient toujours.
    Ah ! je hais les désirs, les espoirs, les amours,
    Autant que les damnés peuvent haïr l'enfer.

    Car je n'étais point né pour vivre : j'étais né
    Pour végéter, pareil à...

  • ont raison de changer d'amour


    Au brin d'herbe qu'elle a quitté
    Songe la cigale infidèle ;
    Meilleur exemple, l'hirondelle
    N'a qu'un nid pour plus d'un été.

    Vaudras-tu la réalité,
    Bonheur rêvé qui fais fi d'elle ?
    Au brin d'herbe qu'elle a...

  • La Seine, clair ciel à l'envers,
    S'ensoleille comme le Tage !
    Laisse éclore des menus vairs
    Tes bras, ta gorge et davantage.
    Au diable l'imbécile adage :
    " Avril. Ne quitte pas un fil. "
    Il ne sied qu'aux personnes d'âge.
    Quitte tout, ma mie, en avril !...

  • C'était un soir du mois où les grappes sont mûres,
    Et celle que je pleure était encore là.
    Muette, elle écoutait ton chant sous les ramures,
    Élégiaque oiseau des nuits, Philoméla !

    Attentive, les yeux ravis, la bouche ouverte,
    Comme sont les enfants au théâtre...

  • Debout ! le soleil caresse nos draps.
    Que ne suis-je né près de Mytilène !
    Allons respirer l'odeur des cédrats
    Au marché qu'on tient à la Madeleine.

    J'ai rêvé d'un grand château dans la plaine.
    Nous étions (hélas ! tu me comprendras !)
    Moi, l'hôte d'un soir,...

  • Deux monts plus vastes que l'Hécla
    Surplombent la pâle contrée
    Où mon désespoir s'éveilla.

    Solitude qu'un rêve crée !
    Jamais l'aube n'étincela
    Dans cette ombre démesurée.

    La nuit ! la nuit ! rien au delà !
    Seule une voix monte, éplorée ;
    ...

  • Reste. N'allume pas la lampe. Que nos yeux
    S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
    Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
    De leurs ondes sur nos baisers silencieux.

    Nous sommes las autant l'un que l'autre. Les cieux
    Pleins de soleil nous ont...

  • cueillie au printemps


    Une rose d'un mois d'avril
    Sous une étoile qui regarde
    Éveilla, malice ou mégarde,
    Mon désir pas encor viril.

    C'est ta bouche au rose grésil
    Qui fut pour ton page, Hildegarde,
    Une rose d'un mois d'avril
    Sous une...