Le langage des fleurs

J'aime le temps des fleurs, des fleurs fraiches écloses,
Rougissant de pudeur sous les baisers de mai,
Et qui parent la terre en ses métamorphoses
D'un bandeau virginal et d'un voile embaumé.

Oh ! les riants secrets ! Oh ! les divines choses
Que murmure tout bas chaque calice aimé,
Quand, sur le sein des lis, des jasmins et des roses,
Les sylphes caressants posent leur front pâmé !...

Ce sont de frais accents parfumés de tendresse,
Mille aveux exhalés dans des élans d'ivresse,
Mille soupirs charmants échangés tour à tour....

Et le cœur de la vierge et l'âme du poète
Se sentent pénétrés d'une flamme secrète....
J'aime le temps des fleurs.... les fleurs parlent d'amour.

Collection: 
1868

More from Poet

Au déclin du jour, jeune fille,
Lorsqu'au balcon tu viens t'asseoir,
Derrière l'épaisse charmille,
Moi je me cache pour te voir.
Tendre interprète de ma flamme,
Chaque voix du soir, à son tour,
Ne vient-elle pas, ô chère âme !
En cet instant...

Seize ans vous couronnent de roses :
Toutes les grâces du printemps
Sur vos traits charmants sont écloses
Comme des bouquets éclatants.

Vous avez la rose à la joue,
Et chacune offre tour à tour
Une fraîche touffe où se joue
L’innocence près de l'amour...

O maître souverain ! Dieu de la poésie,
Dont la lyre régna sur le monde enchanté,
Tu meurs ! — Mais de ta gloire éclatante et choisie,
L'astre se lève au ciel de la postérité.

Désormais, à l'abri des retours de l'envie,
Ton nom prend un reflet d'éternelle clarté :...

Ici bas !

L'horreur règne ici bas... Dieu, tout fort qu'il se nomme,
A gémi de douleur, devenu fils de l'homme ;
Car rien n'est descendu sur ce monde odieux,
Qui ne fut teint du sang en retournant aux cieux !

L'arrêt irrévocable

Éternel...

Si de mai l'haleine envolée
Sur la vallée,
Mollement soupire et frémit,
Caressant la pelouse verte
De fleurs couverte
Nous disons : la terre sourit...

Si zéphyr, sur l'azur limpide
Des mers qu'il ride,
Baise l'ondine et la poursuit,
Tandis...