• Rasant la mare de leurs ailes
    Que le soleil rend irisées,
    Elles ne sont jamais posées,
    Les inconstantes demoiselles.

    Plus vives que les hirondelles,
    Elles voltigent, d’air grisées,
    Rasant la mare de leurs ailes
    Que le soleil rend irisées.

    — « C’est l’image des infidèles
    « Par qui nos âmes sont brisées ! »
    Ainsi je songe à mes...

  •  
    À Philoxène Boyer.

    Ah ! pauvres maisons éventrées
    Par le marteau du niveleur,
    Pauvres masures délabrées,
    Pauvres nids qu’a pris l’oiseleur !

    Quand, sous le suaire des nues,
    Au bord des larges boulevards,
    Se dressent vos carcasses nues
    Comme autant de spectres blafards,

    Quand vos cloisons mal affermies
    Livrent aux...

  • Dans les jours où étaient nouvelles pour moi
    Toutes les impressions de l'Être —
    Et les regards des jeunes filles,
    Et le bruissement des forêts,
    Et le chant du rossignol la nuit, —
    Où les hauts sentiments,
    La liberté, la gloire et l'amour,
    Et l'inspiration des arts
    Troublaient mon sang si fort,
    Un mauvais esprit vint me trouver en secret,...

  •  
    La vieille en pleurs disait : — La misère en est cause,
    Pour mon bon vieux défunt je n'aurai pas grand'chose,
    Un seul cierge, un seul prêtre, et deux mots d'oraison
    À la porte. On peut bien entrer dans la maison,
    Avoir l'autel, avoir les saints, avoir les châsses,
    Tout le clergé chantant des actions de grâces,
    Des psaumes, des bedeaux, tout ; mais il...

  •  
    Je les revois à des époques reculées
    Ces merveilleuses dents, froides, immaculées,
    Et qui se conservaient sans toilette ni fard
    Dans la virginité blanche du nénufar.
    Le fait est que ces dents étaient surnaturelles
    À force de blancheur et de clarté cruelles,
    Et que dans les recoins les plus fuligineux
    Elles avaient encore un reflet lumineux...

  •  
    Les Alpes ont beau faire et m’opposer leur dos,
    Leurs glaciers verts et bleus aux terribles passages,
    Et leurs pics décharnés où les sombres nuages
    Viennent traîner le ventre et se mettre en lambeaux ;

    Tombent, tombent sur moi, leurs effrayantes eaux,
    Leurs torrents bondissants, leurs neiges, leurs orages,
    Et que les vents sortis de cent rochers...

  •  
    Que la brise des mers te porte mes adieux,
    O France, je te quitte ; adieu, France chérie !
    Adieu, doux ciel natal, terre où j'ouvris les yeux !
    Adieu, patrie ! adieu, patrie [1] !

    Il tombe, ce mistral, dont le souffle glacé
    M'enchaînait dans le port de l'antique Marseille ;
    Mon...

  • Avant d’abandonner à tout jamais ce globe,
    Pour aller voir là-haut ce que Dieu nous dérobe,
    Et de faire à mon tour au pays inconnu
    Ce voyage dont nul n’est encor revenu,
    J’ai voulu visiter les cités et les hommes,
    Et connaître l’aspect de ce monde où nous sommes.
    Depuis mes jeunes ans d’un grand désir épris,
    J’étouffais à l’étroit dans ce vaste Paris...

  •  
    Amitié, nœud sacré, récompense des sages,
    Plaisir de tous les temps, vertu de tous les âges !
    Je chérirai toujours tes devoirs, tes douceurs.
    L’astre qui nous éclaire eut des blasphémateurs,
    Des monstres ont maudit sa féconde influence,
    D’autres ont de Dieu même abhorré l’...

  •  
    L’alouette souvent, pour saluer l’aurore,
    A redit sa chanson sur la rive sonore,
    Et le soleil du soir sur la mer et le pré,
    A souvent fait descendre un long sillon pourpré.
    Le port de Saint-Malo luit comme une topaze ;
    Le rapide alcyon d’une aile agile rase
    La surface immobile et brillante des flots.
    Des bâtiments divers les joyeux matelots...