Mon esprit, comme un somnambule,
Hante la crête des grands murs.
Mes pas jamais ne sont plus sûrs
Qu’au bord des toits où je circule.

Dans les ténèbres je vois clair :
Les yeux sont clos, mais l’âme ouverte ;
Et j’avance à la découverte
Dans la molle...

Je veux, comme un artiste amoureux des émaux,
Fondre patiemment les teintes délicates
De la rose, du ciel, de l’or & des agates
Pour en faire des prés, du soleil, des hameaux.

Sur le fond de médaille, à travers les rameaux,
Les murs remis à neuf auront des...

Qu’elle est belle avec ses grands yeux,
Ses yeux profonds, mystérieux
Comme le ciel où se déplie
L’ombre des soirs silencieux !
Un amour insensé me lie !

Neige blanche des hauts sommets,
Son âme froide n’a jamais
Compris les tourments de ma vie :
...

Refleuris sous mon front, ô fleur de volupté,
Fleur du rêve païen, fleur vivante & charnelle,
Corps féminin qu’aux jours de l’Olympe enchanté
Un cygne enveloppa des blancheurs de son aile.

L’amour des Cieux a fait chaste ta nudité :
Sous tes contours sacrés la...

Tout dort. Les ponts avec le gaz de leurs lanternes
Se reflètent dans l’eau profonde. Entre les quais
Voguent péniblement des bateaux remorqués,
Et voici l’Hôtel-Dieu que flanquent des casernes.

Voyez, se découpant sur les nuages ternes,
Un vague entassement d’...

Poet: Gabriel Marc
LA NOURRICE.

Tu vis ! ou vois-je ici l’ombre d’une princesse ?
À mes lèvres tes doigts & leurs bagues, & cesse
De marcher dans un âge ignoré !

HÉRODIADE.
...

Sorti pendant le jour dans les bosquets secrets,
Sous un ciel apaisé, murmurant & plus frais.
J’observais par endroits quelque arbre des allées,
Mêlant à de plus verts ses branches dépouillées :
« Oh ! ce n’est pas l’automne encore (& je passais) ;
Ces...

Les amoureux ne vont pas loin :
On perd du temps aux longs voyages.
Les bords de l’Yvette ou du Loing
Pour eux ont de frais paysages.

Ils marchent à pas cadencés
Dont le cœur règle l’harmonie,
Et vont l’un à l’autre enlacés
En suivant leur route bénie...

Lecteur, à toi ces vers, graves historiens
De ce que la plupart appelleraient des riens,
Spectateur indulgent qui vis ainsi qu’on rêve,
Qui laisses s’écouler le temps & trouves brève
Cette succession de printemps & d’hivers,
Lecteur mélancolique & doux,...

La lascive Pœstum n’a pas laissé d’annales ;
L’oubli la châtia de son inanité ;
À peine si Tibulle en un vers a chanté
Les roses qui jonchaient ses molles saturnales.

Dans une plaine morne, où grincent les rafales,
Où la Mal’aria verse un souffle empesté,
Le...

Poet: Louise Colet